Scénario convenu mais mise en scène efficace. Flippant.
James Wan ou l'enfant prodige du cinéma d'horreur US ; après "Saw" (premier du nom, le seul qu'il a réalisé, un film malin qui engendra des suites, elles, calamiteuses) il a réussi à prouver la pertinence de son cinéma dans un "Death sentence" (son seul film qui ne soit pas dans le genre horrifique) controversé mais diablement efficace dans sa réalisation. Il a aussi montré les limites de ses lubies qui deviennent des tics de réalisation dans "Dead silence", où son obsession des marionnettes et sa virtuosité artistique virent au kitch. Depuis il s'est fait recruter par l'équipe de production de "Paranormal activity" (saga qui n'a de paranormal que son succès) les spécialistes du film d'horreur low-cost avec lesquels il livra "Insidious" pour la somme de 1,5M$. Le film, passable mais peu convaincant sur la longueur, montra l'attirance de Wan pour un cinéma plus posé que ce qui l'a fait connaitre jusque-là. Le film fût un succès (et va d'ailleurs entrainer une suite cet automne) et persuada Wan de continuer sur ce chemin. Voici donc "Conjuring", film "d'exorcisme" au pitch assez classique hormis le fait (pas des moindres) qu'il s'inspire de faits "réels"... Enfin un peu facile d'apposer cette accroche aguicheuse, il faudrait plutôt dire inspiré d'un vrai témoignage. La véracité, elle, est largement plus discutable...
On ne peut pas dire que les 2 premiers tiers du film révolutionnent le genre ; de facture assez classique, le script instaure une atmosphère de tension progressive sans grande nouveautés. Le film ronronne un peu dans un scénario que chaque afficionado trouvera convenu, voire incohérent (par exemple après une attaque en règle des esprits, on revoie la famille au réveil sans savoir le fin mot de l’attaque). Oui mais voilà, quand le film livre une scène d’angoisse, la plus-value Wan fait le job. Car les belles idées de d’écriture (perso je ne jouerai plus jamais à colin-maillard) et les trouvailles de mise en scène (qui font part belle aux hors-champs et aux reflets) assurent un degré de flip assez conséquent. Doublé d’un travail du son hors-norme, le film réussit avec brio quelques bons morceaux d’angoisse. Le problème est que, comme souvent chez Wan, il ne s’en tient pas là et décide de trop montrer les esprits, qui une fois personnifiés (via du maquillage un peu trop kitch) perd de sa puissance angoissante.
Le dernier tiers lui, marque une large différence avec le reste du film. Il déplaira à certains peut-être, mais il réussit à rendre cohérent le travail fait en amont ; même si encore une fois les esprits sont ici trop montrés, le film prend une tournure et un rythme assez fou. La sensation est assez vertigineuse car cela laisse peu de répit au spectateur pour calculer le coup de flip qui va suivre. Ainsi le spectateur doit lâcher prise et le niveau d’angoisse monte très haut. Un exercice qui fait oublier les écarts un brin kitch qu’on peut apercevoir tout au long du film (les zooms too much…) et qui monte le film au rang de ce qui s’est fait de mieux récemment. Dans le genre ma préférence va quand même à « Sinister » (dont le film fait écho) plus maitrisé dans sa globalité.
Un bel exercice de genre qui comble son manque de substance par une vraie réussite de la mise en scène qui fait monter la tension et l’angoisse de manière assez radicale en évitant (souvent) la facilité du sursaut.