Après avoir lu le roman de Carl Sagan, et enchanté par la profondeur des thèmes qui y sont développés, on peut se dire que "Tiens, vu qu’il existe une adaptation au cinéma, pourquoi pas!" Même si, c'est évident, l’exercice est difficile. Comment un réalisateur peut-il faire un spectacle de 2h30 lorsque le manuscrit nécessite plus d'une dizaine d"heures à être assimilé ? Il va y avoir des coupes, des raccourcis et des accélérations. Un angle de lecture sera privilégié. Lequel ? Mystère. Allons-y.
Et patatras!
La trame de l’œuvre originale est là. Et c'est tout!
Adieu la consternation de s'apercevoir que le début de la transmission a été manquée. Bon pourquoi, pas. Mais que dire de l'absence totale de la coopération internationale.pour décoder le message et pour construire les machines. La complexité de la création des nouvelles technologies, des nouveaux alliages, des équipements de bio-électroniques, force les nations à s'embarquer dans une entreprise commune. L'humanité toute entière s'unit et de peur de rater le coche construit 3 machines. Toutes les religions vacillent, de nouvelles se créent. Elie n'est pas seule, ils sont cinq: comme les cinq continents. Tous témoignent de la même expérience de voyage.On est quand même très loin de la vision nationaliste de Zemeckis, non ?
J'aurais apprécié que le réalisateur évoque le nombre Pi, cela aurait donner un peu plus de profondeur à son "Pour Carl" final. Mais manifestement, jusqu'au bout, il aura accumulé les contre-sens, brouillant et saccageant l'esprit de l’œuvre d'origine brossant le yankee moyen dans le sens du poil: l’Amérique construit l'unique machine, va seule à la rencontre des extra-terrestres, voit sa religion chatouillée, l’Amérique gna-gna-gni et gna-gna-gna. Mais bon sang, où est l'universalisme ? Comment imaginer que l'humanité puisse rester nationaliste devant un défi pareil ?
Certes on ne peut pas lui reprocher de faire un résumé, d'éviter les thèmes philosophiques, la nécessité du doute scientifique, les raisons de la perte de sens des religions, l'ignorance de l'humanité. Mais là où Carl Sagan prend parti, Zemeckis ne pensent qu'en termes de nombre d'entrées dans les salles. Et c'est bien là le drame. Un Big Mac Philo s'il vous plait option Stars and Stripes forever.
Il n'y a rien à reprocher aux acteurs. Les effets spéciaux font leur effet. La musique est sans caractère mais peu envahissante. 4 étoiles pour le taf. Pour le reste, et bien c'est un beau navet.