Plus on grandit, plus on identifie rapidement les codes des films américains. Le marché de l’Oncle Sam domine depuis des années l’industrie du cinéma, c’est sans surprise le pays qui produit le plus de contenus cinématographiques par an. Il y’a des éléments de scénario qu’on connaît par cœur et qui s’impose presque comme un grossier leitmotiv.
De ce fait, quand on regarde Contact de Robert Zemeckis, on n’est pas vraiment surpris quand on s’aperçoit que l’un des scientifiques de l’équipe de Jodie Foster (interprété par William Fichtner)est un aveugle excentrique, que les politiques sont tous corrompus ou stupides, que les fanatiques font de grands gestes et des expressions faciales digne d’un Jim Carrey ou encore que les parents de la protagoniste sont morts. (Hollywood laissera-t-il un jour les parents d’un personnage vivre en paix ?)
On n’est pas non plus surpris de voir que les discours scientifiques sont assez bancals et on identifiera assez vite certaines ficelles du scénario. Contact reste un film hollywoodien certes, mais je pense qu’il est loin d’être dénué d’intérêt.
Le propos central du film est l’opposition entre la croyance et la science. Jodie Foster se base sur des faits établis, privilégie comme langage courant les mathématiques et est brillante dans son domaine. Cependant, elle va s’amouracher d’un prêtre peu commun (campé par Matthew McConaughey, qui signe une prestation remplie de charisme) qui condamne la surconsommation et l’abondance de la technologie dans la vie courante.
Le film pose la question suivante : Est-il possible d’aimer quelqu’un qui ne partage pas la même vision du monde que nous ?
Ces deux personnages ont des opinions différentes, mais ont une chose en commun : ils croient.
Le prêtre Joss croit dur comme fer en Dieu sans pouvoir donner d’explication dite « rationnelle ». Croyance qu’un scientifique peut juger absurde. Et pourtant, le personnage de Jodie Foster se rattache comme elle peut à cet espoir peut-être illusoire qu’il y’a une vie en dehors de la Terre, même si rien ne semble lui donner raison (jusqu’à un certain moment du moins). D’ailleurs, une très belle scène du film entre les deux personnages confirme ce schéma de pensée. (Scène du gala, je ne spoil pas le dialogue)
Le film déborde de bonnes idées. Par exemple, la séquence culte du miroir s’impose comme une évidente maîtrise de réalisation, la façon de communiquer entre les extraterrestres et les humains est très bien pensée (utiliser la première diffusion de télévision, et pas n’importe laquelle en plus de ça, se révèle très maligne).
On reste très curieux de découvrir les réactions du monde face aux nouvelles découvertes, à une nouvelle espèce qui dépasse largement l’intellect humain.
Malheureusement, on peut regretter le manque de nuance dans la représentation des croyants américains qui sont pour la plupart des fanatiques sans cervelle, mais d’un autre côté j’ai envie de dire que cette représentation pourrait être réaliste.
Alors attention, je ne dis pas que les croyants soient tous des moutons de Panurge, bien au contraire. Mais dans le film, la réaction du « peuple » est montré par le biais des médias qui comme dans la réalité accordera bien plus de temps d’antenne à des minorités d’extrême.(avec des personnes pas franchement réfléchies à leur tête)
Les réactions de la population mondiale (eh oui Hollywood, le monde ne se limite pas qu’aux USA) sont bien plus nuancés dans un certain Arrival, ou Premier Contact en français, qui parvient à être bien plus réaliste.
Ce qui est dommage avec Contact, c’est que son réalisateur n’ose pas vraiment se mouiller. Zemeckis ne se prononce pas sur son propos préférant adopter un point de vue objectif (l’objectivité existe-t-elle réellement au cinéma ? Vous avez 4 heures) et laisse le spectateur décider. La conclusion du long-métrage peut s’avérer un peu décevante car finalement très classique et facile.
Côté technique le film reste convaincant malgré les années, on y croit sans autant être bouche bée.
Non, ce qui fonctionne le plus avec Contact, c’est ce côté film d’aventure qui finalement, peut s’adresser aussi à la famille. Comme Ellie, notre âme d’enfant prend le dessus sur tout le reste et on finit par s’amuser devant cette proposition de cinéma.
Contact n’est pas un film de science-fiction aussi marquant qu’a pu l’être Interstellar, il est à des années-lumières d’un 2001 (subtil jeu de mot vous aurez remarqué), et pas aussi intelligent que Premier Contact.
Oui, Contact ne révolutionne pas le divertissement hollywoodien.
En revanche, il reste un très bon moment qui réussit son but : nous faire rêver le temps de 2 heures.