Cosmopolis par BastienInacio
« -La prochaine fois, vous écouterez votre prostate.
-Comment vous… ?
- La mienne aussi est asymétrique
-Qu’es-ce que ça importe ?
-Rien du tout »
Oo
Voila un dialogue qui résume parfaitement le naufrage nombriliste que représente « Cosmopolis », tout simplement la grosse déception de l’année.
Pourtant tout n’est pas à jeter à la poubelle
La direction artistique est ce qu’a fait de mieux Cronenberg depuis le « festin nu » , le casting, sans être transcendant s’en sors (mention à Amalric en serial-entarteur) ,la B.O de Howard Shore toujours entrainante , et le discours idéologique est assez ambitieux si on prend la peine de voir au-delà de la surface , et c’est bien là le problème .
Ne pas offrir les clés de son film aux spectateurs pour qu’il fasse sa propre interprétation de ce qu’il contemple est une bonne chose en soi, encore faut il faire l’effort pour immerger le spectateur dans son univers (à l’instar d’un « enter the void » par exemple, histoire de citer une autre odyssée expérimental) et des efforts, Cronenberg n’en fait pas.
Lui qui était réputé pour s’approprier les œuvres qu’il adaptait à l’écran pour les rendre à son image (remember sa version de la B.D « history of violence » dans lequel il avait ignoré tout les flash-back mafieux et la partie juridique qui ne servaient pas son propos), fait ici preuve d’une feignantise absolue en décalquant bêtement le roman de Don Dellilo sans chercher à la moderniser et à le rendre cinématographique, pas étonnant que le script s’est rédigé en six jours seulement.
Du coup on a la sensation tout le long d’assister à une pièce de théâtre frigide dont les personnages stoïques et désincarnés balancent machinalement les lignes du roman sans savoir ce qu’ils racontent.
Car le récit a beau avoir du sens au second plan, les dialogues totalement W.T.F et puériles annihilent toute tentative d’accrochage.
C’est simple, seuls les philosophes, les procommunistes et les snobes de chez Télérama pourront percuter la plupart de ces diarrhées verbales.
On a l’impression que Crocro, ayant pris conscience de son impact , ait tout fait pour se faire sucer le nœud par les intellectuels et de la « bonne presse »en étalant des citations philosophiques et poétiques de manières abstraites , quitte à perdre le public en route.
C’est malheureux, mais cette méthode ferait presque passer la sénilité ambiante des derniers Clint Eastwood et John Carpenter pour du bon gout.
Bref , tout ce qu’on voulait c’était un retour au sources , à savoir un cinoche expérimental pleine de bruit et de fureur (« vidéo drome » en tête) avec la maturité et l’émotion acquis sur « history of violence » et « les promesses de l’ombre » et au lieu de ça , le maître de la nouvelle chair nous à refait « crash » (son seul véritable mauvais film) , à savoir une œuvre dense et subversif sur le papier mais froid , verbeux et vain à l’écran et ça c’est pas cool, mais alors pas du tout .