Coup de torchon par abarguillet
Typiquement français par son cadre ( le monde colonial à la veille de la Seconde Guerre mondiale ), ses personnages et son esprit anarchisant, ce film n'en témoigne pas moins de l'admiration de son auteur pour la littérature et le cinéma américain : le thème est d'ailleurs emprunté à un roman de Jim Thompson. Le cinéaste a transposé l'action et la typologie des Etats-Unis dans un milieu européen, comme il l'avait déjà fait pour Simenon dans son premier film L'horloger de Saint-Paul ( 1974 ). On y gagne une fable intemporelle sur la débilité humaine, la fragilité des esprits et des coeurs, les pulsions incontrôlées des êtres, tout cela empreint d'une féroce jubilation, auquel le personnage interprété par Philippe Noiret, stupéfiant d'ambiguïté, participe beaucoup. Le Bien et le Mal c'est pareil, ça sert pas beaucoup par ici, ça rouille, ça doit être le climat - soliloque le héros, mélange de Don Quichotte et d'Ubu roi.
Tous les acteurs méritent d'ailleurs d'être cités - Stéphane Audran et Isabelle Huppert, Jean-Pierre Marielle et Guy Marchand, tant ils contribuent à créer l'atmosphère étouffante et poisseuse de cet opus, mélange relevé et âcre d'humour noir et de farce cruelle, brûlot anachronique qui s'achève sur une pirouette et laisse entendre - selon Alexandre Trauner - que la justice divine est sans doute incompatible avec les idéaux humains.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.