Crazy, Stupid, Love est un film amusant, divertissant qui arrive, sans que l'on sache comment à captiver le spectateur. L'écriture narrative particulièrement réussie arrive à faire oublier que sa sœur, l'écriture scénaristique est proche de l'absence totale. Parlons donc un peu de ce film voulez-vous.

Cal et Emily Weaver (Steve Carell et Julianne Moore) divorcent suite à une tromperie conjugale de la part de cette dernière, lassée par 25 ans de vie commune. Perdue et sans but, Cal fait la rencontre de Jacob Palmer (Ryan Gosling) qui lui propose de reprendre sa vie en main, de retrouver sa virilité perdue et de faire regretter amèrement à Emily le jour où elle l'a quitté. Jacob va donc métamorphoser Cal pour en faire un Don Juan.
Dans le même temps, la vie des autres protagonistes n'est pas simple. Robbie (Jonah Bobo), le fils des Weaver est amoureux de Jessica (Analeigh Tipton), sa babysister de 4 ans son ainée, qui est, quant-à-elle éprise de M. Weaver ... Triangle amoureux (glauque) quand tu nous tiens ...
A côté de ça, Hannah (Emma Stone) vient de se faire draguer par Jacob et se demande si son petit-ami va la demander en mariage, bien que sa meilleure amie la trouve trop bien pour ce type là (si si, je vous jure, ça aura un rapport ...)

Bref, avec cette intrigue relativement peu convaincante, Ficarra et Requa (à la réalisation) offrent un film qui arrive bien à nous captiver mais également à nous énerver. Enfaite, une énorme partie du film est soutenue par Ryan Gosling, qui, bien que totalement stéréotypé, prononce la majorité des répliques amusantes.
En effet, Jacob va faire de Cal un Don Juan mais en prônant une vision très laide des relations hommes-femmes. Seul le physique compte, pour renaître : achètes toi de nouveaux vêtements. L'aspect cynique n'est même pas assumé puisque clairement les femmes sont ici très facilement manipulables. C'est assez horrible.
De l'autre côté on a également la stupidité des différentes protagonistes, tellement obnubilé par leurs soucis et leur incapacité chronique à comprendre l'autre que ça en devient agaçant. Ils semblent tous plus stupides les uns que les autres.
Enfin rajoutez y un soupçon de comédie américaine prévisible avec tout le monde s'aime, etc ... Et vous aurez un grand chelem.

Enfaite, ce qu'il faut bien comprendre dans ce film c'est que si plus d'une scène est plaisante et charismatique (bien que souvent clichée), que si de nombreuses répliques sont drôles, au final, ce qu'il y a derrière, c'est un schéma scénaristique au mieux énervant, au pire décousue.
Les connexions se font de manière totalement artificielles, il faut bien le comprendre cela. Plus d'une fois on a envie de dire "hey, WTF ?!". La manière également de changer la donne. Evidemment que Jacob va tomber amoureux (la scène où il se déshabille est vraiment pour vous les filles), mais merde, pourquoi faut il que derrière il n'y ait jamais de remise en cause de son type de vie avant ? Certes on a un "oui là je suis plus heureux qu'avant" mais on a aucune critique sur la vision totalement machiste du film.
On a également cette accroche horrible aux âmes-soeurs, ce qui fait qu'au bout de 15minutes on sait d'ores et déjà comment cela va se finir. Un ensemble de cliché plutôt glauque peut même amener le spectateur à douter des capacités psychiques des protagonistes.
Notons également l'absence, quasi-totale, de l'idée qu'il puisse y avoir une vie après le divorce. Non, forcément, les personnages vont se remettre ensemble. C'est d'ailleurs effrayant tant pour tout le monde, même eux, ils forment encore un couple. Finalement, ce film n'a absolument pas un couple divorcé mais un couple qui n'habite plus ensemble, même si ils continuent, dans un sens très large, à vivre ensemble.

Comme dans toutes les comédies romantiques, le héros va se rendre compte vers la fin du film qu'il a perdu ce qui lui était précieux (son couple) suite à de mauvais choix, il va donc devoir prouver à la femme de sa vie qu'il peut changer, qu'il a changé. Cette scène est amené de manière relativement cohérente d'ailleurs, bien que totalement prévisible. Or, et c'est là le problème, c'est que tout dégénère. Pour des raisons comiques, du coup, le spectateur est mort de rire, ça c'est une chose. Mais derrière la marade on se dit "une fois cette scène finie, on a un happy end" ...
Ba non, pendant 20 fucking minutes, le film va se trainer, isolant le personnage de Cal sans aucune raison (à part le manque d'intelligence des personnages). La notion temporelle, déjà relativement floue, devient totalement brouillée ... On ne sait pas du tout combien de temps s'est écoulé (d'ailleurs le film s'étale sur un an, mais tout pourrait durer sur 1 ou 2 mois tant tout est flou).
Bref, ce revirement sonne particulièrement faux et télescopé ... Qui plus est, il n'aide pas le film.

Crazy, Stupid, Love est relativement amusant et, franchement, divertissant. Il est prenant grâce à une réalisation pas trop mauvaise qui sait captiver. Les acteurs ont un bon niveau et la bande son est également bonne. Tout cela fonctionne d'autant plus que la narration est vraiment au rendez-vous.
Malheureusement, la partie scénaristique est totalement à côté de la plaque. Que ça soit dans le traitement du sujet, dans les thématiques abordées, dans le rythme scénaristique, dans les évolutions, dans les connexions. Tout est vraiment très mauvais à ce niveau là.
Du coup, ça m'a donné, personnellement, le sentiment de voir une coquille magnifique, mais creuse. Le scénario dessert le film a un point impressionnant ...
Mais, ne m'étant pas (vraiment) ennuyé, je lui met 4 et non 3.
Pitié, mesdames, rassurez moi, vous n'êtes pas vraiment si futiles ?


PS : SPOILER !!!!!

Enfin ce film offre quand même des suites assez loufoques. En moins de 5 minutes, on passe d'un père qui reconquiert sa femme avec un discours prononcé dans une école à une adolescente de 17 ans qui donne des photos d'elle toute nue à un garçon de 13 ans pour qu'il se masturbe en pensant à elle ... A ce moment là je me suis dit "mais où ais-je rangé mon cerveau ?"
mavhoc
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le 31 juil. 2014

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mavhoc

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