Douceur et gravité

Le deuxième long-métrage de la journée, et troisième de la rétrospective Les Singulières, Heavenly Creatures (Créatures Célestes en français) du néo-zélandais Peter Jackson, pourrait également être qualifié d’œuvre singulière. Singulière déjà dans la filmographie du réalisateur, plus habitué à l’hémoglobine grandiloquente qu’au drame intimiste, mais singulière également aussi bien par sa forme, oscillant entre gravité naturaliste et onirique fantasmagorique adolescent, que par son fond, n’émettant alors aucune espèce de jugement quant aux actes des protagonistes, mais en se concentrant plutôt sur la passion d’une amitié exacerbée, entre ces deux jeunes filles à l’imagination débordante, et qui ne sont clairement pas à leur place dans un monde d’adulte plein de carcans et de normes sociales. À la fin de la séance, j’entendais un spectateur traiter le film de vulgaire, mais au contraire, Peter Jackson n’est jamais dans la vulgarité, mais à l’inverse réussit à traduire l’intimité folle des deux jeunes filles de manière douce et sensible, faisant de la caméra un troisième personnage toujours au même niveau, pour s’en détacher lors des séquences fantasmagoriques qui parsèment le film. Inutile de vous dire que les deux jeunes actrices (à peine 18 ans lors du trounage) délivrent une performance inouïe. Peter Jackson réalise un film ambivalent, entre intimité et distance, réalisme et fantastique, dans le fond et la forme. Les hallucinations disent que c’est sans doute le plus beau film de Peter Jackson, et je suis plutôt d’accord avec eux. Beau visuellement, mais pas que, grâce à la discrétion que le réalisateur a choisi d’adopter pour raconter ce fait divers qui a et continue de bouleverser la Nouvelle-Zélande.

Tiré du journal du festival des Hallucinations Collectives 2016 : lire l'article entier sur mon site...