Se relever, encore et encore... c'est devenu le slogan de la saga Rocky et son successeur semble emprunter le même chemin. Suite de l'excellent Creed, qui arrivait à dépoussiérer les codes des films de boxe pour mieux les détourner, ce nouvel opus, inattendu, n'est pas pour nous déplaire. Cette sensation de véracité, ce déchirement de sentiments, un stress intense lors du combat final, tous ces éléments sont devenus une recette mais qui continue étonnamment de fonctionner. La nostalgie diront certains, je leur répondrai alors que tous ces longs-métrages ont du coeur et ça, rien ne peut rivaliser avec.
Commençons par parler de la mise en scène de Steven Caple Jr, aussi simple qu'efficace. Certes, elle ne fait pas le poids comparée à celle de Ryan Coogler qui arrivait à dynamiser chaque coup et à impacter chaque image mais on ne peut pas dire qu'elle se fait inexistante. Les plans sont soignés, transmettant souvent les intentions du réalisateur et la direction artistique, sans être transcendante, fait plaisir à nos beaux yeux. On retiendra également quelques images iconiques lors de l'entraînement de Creed dans le désert ou encore le plan de Rocky assis derrière le ring. Ce dernier possède d'ailleurs une entrée en scène des plus révélatrice quand à l'idée d'héritage. Des effets de dramatisations sont évidemment utilisés comme le ralenti et le slow motion. Sans oublier la tradition des Rocky avec le fameux montage alterné lors de l'entrainement final. Tout est là, et justement, où se situe la nouveauté ?
Il faut effectivement bien la chercher puisque le spectateur nage sans arrêt en terrain connu. L'histoire de Creed II est un mélange de plusieurs intrigues de Rocky (l'embourgoisement du troisième, la naissance de l'enfant dans le deuxième, Drago dans le quatrième). Ca recycle à tout va mais ça marche bien ! C'est principalement dû à une bonne écriture des personnages qui arrivent vraiment à exciter à travers l'écran de cinéma. Cette proximité avec eux est un peu la marque de fabrique de la saga et c'est ce qui fait que ses longs-métrages sont autant chargés en émotions. Pour ce qui est des thèmes abordés, rien d'inattendus mais le réalisateur en profite pour les approfondir. L'importance de la famille, la notion d'héritage, de vengeance et notre place dans le monde sont des questions qui touchent chaque personne, malgré leur différence.
La présence de Rocky est très bien géré et son temps à l'écran tout simplement parfait. Il dispose d'un nouvel arc cohérent et qui clôt de manière majestueuse toutes ses aventures (bon pas autant que la montée des marches dans le premier Creed mais quand même). Même moi qui ne suit pas un énorme fan de la saga, j'avoue avoir été très ému. Adonis possède quant à lui les épaules nécessaires pour donner son nom à sa propre franchise, brillamment interprété par Michael B Jordan. Son personnage est très bien développé et même si le schéma est classique (descente aux enfers puis la remontée), on prend un incroyable plaisir à suivre le récit. La conclusion de son voyage émotionnel étonne par sa justesse et sa sobriété, donnant encore plus de puissance à cet homme, qui n'est finalement pas si loin de nous. Néanmoins, je regrette un peu les personnages féminins du long-métrage, sous-exploités. Quant aux antagonistes, je perçois un réel effort de briser le manichéisme qui était devenu monnaie-courante. Ici, les deux camps ont de véritables objectifs et emmènent avec lui une portée émotionnelle. Viktor Drago vit dans le désir d'être reconnu par son père et son pays tandis qu'Adonis cherche à se trouver sa propre voie et d'apprendre à accepter son nom. Lors du combat final, ce n'est plus seulement le héros qui se relève et donne tout pour la victoire. On assiste à une confrontation entre deux êtres humains, complexes et désirant à tout prix aller jusqu'au bout de leurs convictions.
Ainsi, Creed II est un bon film recyclant les thématiques récurrentes à la saga et piochant jusqu'à certaines situations en les approfondissant. Avec ce nouvel opus, on retrouve l'aspect intimiste des premiers Rocky qui se consacraient sur la notion de famille en priorisant le développement des personnages sur la boxe en elle-même. Un rythme assez lent accompagne ce voyage intérieur d'Adonis mais ne cesse d'intéresser le spectateur par son étonnante profondeur et véracité. La musique garde toujours autant son importance même si je trouve que la qualité a légèrement baissée. Il restera toujours les magnifiques thèmes de Rocky et de Creed qui nous bercent dès la première note. Constamment en terrain connu avec son intrigue prévisible et recyclé, le long-métrage possède néanmoins cette même force et efficacité qui nous ont maintes fois passionnés. On sent vraiment l'amour porté aux personnages et que le tout a du coeur. C'est finalement le plus important... Lorsque tu te dresses sur toi même et que tu ronges les ongles à chaque coups, tu reconnais immédiatement quelle saga est projetée devant toi. "Creed, it's your turn" !