L'avis à Wiwi : "Creed II"

2019 we're in, quoi de mieux qu'une avant-première pour bien débuter cette nouvelle année cinématographique ? Et quoi de mieux que "Creed II" pour ma part ? Le premier opus en 2015 avait été une vraie claque (et pas que pour moi), ce genre d'uppercut que le cinéma parfois t'envoie en pleine face, ce genre d'uppercut que j'étais allé voir 3 fois à UGC pour reprendre mon pied. M'imprégner du son, de l'atmosphère de ce film, profiter de cette petite perle pleine d'humanité. Alors quand une suite a été annoncée, nous étions en droit d'attendre un film de qualité. L'attente est terminée, le film sort dans quelques jours et si il n'égale pas à mes yeux le premier, il en est le digne successeur et lui lèche de près le postérieur x)

Adonis Creed continu sur sa trajectoire et décroche enfin le titre de champion du monde poids lourds. Une notoriété qui lui arrive en pleine figure, faisant écho à celle de son défunt père Apollo Creed, tué lors d'un combat face à Ivan Drago dans "Rocky IV". Drago, déchu en Russie par Rocky il y a des années, va déporter son désir perdu de réussite sur son fils, véritable golgoth au physique monstrueux : Viktor Drago. Complètement endoctriné par son père, il est un destructeur que rien n'arrête et compte bien rendre fier son père en achevant ce que lui n'a pu faire. Au premier abord cela pourrait sembler être une simple vengeance mais les enjeux sont plus subtils que ça...

"Creed II" prend tout de même une légère tangente : celle d'une facilité scénaristique qui vise à répéter le même schéma que "Rocky IV". Mais il possède sa propre touche et n'est pas qu'un simple copié/collé avec de nouveaux protagonistes. Non. Il s'inscrit dans la continuité d'une saga qui vise à se détacher petit à petit de son matériau d'origine pour lui donner sa propre personnalité et sa propre direction. Chapeau bas à la réalisation qui fait honneur au premier "Creed" : du respect des cadrages, des focus, des plans serrés, on a l'impression de retrouver le même réalisateur trait pour trait (alors qu'en réalité ils sont différents entre le 1 et le 2). Capable de magnifier les combats tout comme les moments de grâce, porté toujours par une BO de haute volée quoique moins marquante et fournie que son aîné, c'est un sang faute. Alors le rythme est certes un poil plus lent dans cette suite mais ça ne changera pas grand chose à la qualité de son propos.

Car la grande force du premier "Creed" on la retrouve dans ce deuxième volet : il s'agit de l'humanité de ses personnages. Touchants, drôles parfois, les émotions sont palpables et c'est ce qui porte haut ce film. On en vient à saisir les nuances, à comprendre et faire preuve de compassion envers Viktor Drago qui n'a que son père, rustre, aigri, mais un père présent pour lui. Tout comme Rocky envers Adonis. D'ailleurs il s'agit là du thème général du film : celle de l'accompagnement, du père spirituel, de la transmission de la flamme. C'est beau, parfois on se sent légèrement pincé au coeur. Et on ne pourra que saluer cette superbe sortie de Sylvester Stallone en tant que Rocky qui, au travers toujours d'une réalisation et d'images pleines de sens, s'efface de sa propre saga pour lui laisser prendre le large. C'est cohérent, c'est beau, que dire de plus ?

De son casting parfait à son parcours sans faute (quoique moins marquant que le premier "Creed"), "Creed II" est la preuve qu'avec beaucoup d'efforts conjugués de bonnes choses peuvent émerger. J'espère que cette saga s'arrêtera là et que l'appât du gain ne donnera pas lieu à d'autres suites inégales. Car la barre est haute, très haute. Et Creed se doit de rester un champion dans son domaine.