Bien que je ne suis pas un grand cinéphile, j'ai le sentiment que Creed constitue l'un des rares cas de reboot réussi. Creed 1 fut un très bon film de boxe et même un très bon film tout court, nettement meilleur que le fameux Southpaw (La Rage au ventre) sorti l'année précédente. Malgré la prouesse de 2016, j'étais malgré tout sceptique envers ce Creed II, notamment à cause du retour de, ou plutôt des, Drago. Ca sentait le fan service pas très subtil, surtout que le personnage est issu d'un nanard. Sympathique et à l'intérêt historique indéniable, mais nanard quand même.
Cette fois je suis forcé d'avouer m'être trompé dans les grandes lignes tant le personnage d'Ivan Drago fait partie des grandes forces du film. C'est simple, Dolph Lundgren crève l'écran à chacune de ses apparitions, chacune de ses répliques. Il a des motivations crédibles et même fortes. Nous sommes à une galaxie du robot de Rocky IV. Drago père est tellement efficace que son fils en devient transparent alors qu'il n'est pourtant pas inintéressant. Il fait presque de l'ombre à Stallone, dont le personnage n'a désormais plus d'enjeu aussi important qu'avant.
L'écriture est moins maîtrisée que dans le premier mais reste totalement au niveau pour un blockbuster. Tous les personnages sonnent justes mais quelques scènes tombent un peu à plat :
- Le combat d'intro entre Creed et Ward, peut-être un peu mou.
- La dispute entre Rocky et Creed, je la juge incohérente. Creed devrait comprendre la volonté de Rocky de ne pas voir l'histoire se reproduire.
- La demande en mariage au début, débile sans être très drôle.
- Je pense aussi que la déchéance de Creed aurait été plus forte s'il avait perdu le titre au match aller. J'avoue ne pas avoir compris l'intérêt de disqualifier Drago.
Dans la forme, le film réussit l'exploit d'être encore plus beau que son aîné. On se souvient tous de l'entrée de Pretty Conlan (Bellew) et celles de Drago et Creed sont encore plus soignées. Le fan de boxe voit immédiatement l'inspiration des entrées fabuleuses de Wladmir Klitschko notamment.
Malheureusement l'averti de boxe que je suis décèle d'autres problèmes :
- Premièrement je ne vois pas l'intérêt d'être passé des mi-lourds (environ 85 kilos sur le ring, ce qui collait bien au gabarit de Michael B Jordan) aux lourds (en 2019 un lourd pèse rarement moins de 100 kilos pour 1m93). Creed et Wheeler (Andre Ward) ne sont pas du tout crédibles en poids lourds, beaucoup trop petits et fins et l'écart s'avèrent d'autant plus ridicule que le rejeton Drago est un authentique lourd (et encore, il a plus un physique de bodybuilder).
- Ensuite j'ai été déçu par la boxe du russe. Dans Creed 1 les combats ressemblaient presque à d'authentiques combats, là on est revenu à une vision fantasmée de la boxe comme dans les vieux Rocky en moins épique. Florian Munteanu boxe très mal, avec des crochets terriblement amples et aucune garde. A côté Deontay Wilder est un esthète c'est dire. Pendant les deux combats opposant Creed et Drago cela m'a gêné. Je me disais qu'avec les moyens mis en oeuvre on aurait pu avoir des combats encore plus réussis qu'en 2016.
Enfin, les chansons de Bianca m'ont moins plu.
Pour conclure j'ai plutôt aimé Creed II bien que je garde une préférence pour le premier. Je reste très heureux que le naufrage pressenti n'ait pas eu lieu. Oui le film n'était pas indispensable. Oui il y a des défauts et des longueurs mais on en ressort diverti.