Le face-à-face tant attendu vient d’arrivé

C’est ce que les fans de Rocky attendaient depuis Rocky 4 : voir Adonis Creed, fils d’Apollo Creed faire face au meurtrier de son père. Creed 2 sort cette semaine, le grand moment que l’on attendait est arrivé. Le nom de Creed ne va pas sans celui de Drago. Liés par une tragédie, très Shakespearienne, Rocky Balboa et Ivan Drago se battent désormais à travers leurs disciples, Adonis Creed et Viktor Drago.


L’histoire va-t-elle se répéter ?


Si Creed, spin off de la franchise Rocky, existe, c’est bel et bien pour son nouveau personnage lié à un personnage phare de la franchise originale : Apollo Creed. Les fans ont attendu ce grand jour, cet évènement, celui où Adonis, son fils, ferait face à son meurtrier et guérirait enfin de ses blessures. Seulement là, 30 ans plus tard, Ivan Drago, la soixantaine passée, ne boxe plus. Par chance, son fils a prit le relais et il entend bien lui aussi se venger du responsable de la déchéance de son père suite à sa défaite contre Rocky Balboa. Rocky à la retraite, c’est son poulain qui va en prendre pour son grade. Nos deux jeunes hommes vont chacun se battre pour la cause d’un autre. Qui en ressortira vainqueur ? Surtout, qui en ressortira grandi ?


L’un des premiers évènements de cette année 2019. Creed 2, on attendait beaucoup de lui. Niveau émotion, on s’attendait à du très lourd. Serait-il poignant ? Arriverait-il à mêler convenablement rédemption, lutte pour son identité, bravoure, et rage? Et les scènes de combats? Percutantes et mémorables? Le stress est à son comble en découvrant dès les premières minutes la puissance du fils d’Ivan Drago. Rocky va-t-il enterrer un nouveau Creed, lui qui n’a toujours pas digérée sa décision ? L’angoisse, elle venait aussi de nos attentes. Allait-on échapper à un copier coller de Rocky 4 ?


D’un Rocky comme d’un Creed, j’attends deux choses primordiales, sans quoi on m’a définitivement perdu: être émeut, avoir envie de me lever de mon fauteuil pour encourager le héros parce qu’on aura bien développé sa psychologie. Hors là, pour la première fois, je n’ai éprouvé aucun de ces sentiments et envies. Douche froide. Souvenez-vous, dans Creed 1, il était question d’explorer beaucoup de thèmes. Héritage, erreurs du passé, liens familiaux, paternité, courage, sacrifice, dépassement de soi, étrange de voir que tout ce qui avait été entrepris dans Creed 1 se voit perdre en émotion et humanité. Et si la bande son pas épique pour un sous, en rajoutait une couche ?



Pourquoi tu veux le combattre ? Je sais pourquoi EUX ils veulent te
combattre, je sais pourquoi ils se battent, mais toi ? Ecoutes moi,
toi t’as tout à perdre, tout, alors que lui il a rien à perdre. Quand
un boxeur n’a rien à perdre, il devient dangereux.



Rappelles-toi pourquoi tu montes ses marches


Guérir de l’intérieur, c’est là la deuxième thématique revenant dans Creed 2. Avec un thème pareil, là encore on imaginait sentir des frissons parcourir notre corps. Et bien non ! Difficile de devoir imaginer qu’un jour j’aurai eu à dire qu’un film lié à la franchise Rocky, souffre d’un trop grand nombre de défauts. Pourtant, c’est une réalité. Son thème, celui là même qui faisait le charme de cette nouvelle franchise aurait dû voir son impact émotionnelle plus grande en mettant son personnage principal face au responsable de ses peines.


Pas de caméo sous quelque forme que ce soit de Carl Weather (interprète d’Apollo), les absences de Rocky se faisant grandement remarquer, Tessa Thompson prenant trop de place, a perdue sa superbe en devenant une femme presque arrogante (cf la musique qu’elle chante à l’entrée de son mari et l’irrespect dont elle fera preuve lors de l’affrontement final), Adonis nous faisant son ado en pleine crise de rage, manque de développement sur la psychologie d’Adonis et Viktor, la relation Adonis/Rocky moins marquante, absence d’au moins un plan séquence, les scènes d’entrainement sans âmes, la faute à un choix musical cliché.


Surtout, au revoir la modestie, à l’authenticité, bonjour l’autosuffisance et l’arrogance, les tares de notre époque. Indigne de l’héritage de Rocky. Le pire dans toute cette histoire, contrairement aux Rocky et Creed 1, à aucun moment je n’ai eu envie voir Adonis gagné. Attention, des points intéressants, il y en a comme cette envie de s’attarder sur le développement des personnages principaux et secondaires tout en clôturant l’histoire de Rocky. Sur ce point on sera toutefois mitigé.


Le travail sur le personnage est une réussite tout en nous rendant mélancolique puisqu’on sait que Creed 2 marquera la dernière apparition de Rocky. Forcément, pour les fans de l’acteur et de cette icône, le grand moment d’émotion, ça sera le final, la dernière scène de l’étalon Italien. On a beau se dire objectivement qu’il est normal qu’Adonis Creed soit plus présent que Balboa, on reste frustré dans cette suite mettant de plus en plus en retrait le personnage qui, après avoir mené un combat contre le cancer, mènera un nouveau combat personnel. Il faut être logique, et se faire une raison, nous sommes dans une nouvelle franchise mettant en scène Adonis Creed. Normal que l’ombre de Rocky commence petit à petit à disparaitre pour laisser la place à la nouvelle génération.


Là où on l’avait pas vu venir c’est bien du sort réservé à Ivan Drago. Déshonoré par son propre pays, largué par sa femme (toujours incarnée par Brigitte Nielsen), c’est son fils qui en a pâtit le plus, devenant en prime une sorte de roue de secours d’Ivan qui ne voit en son enfant que ce qu’il pourrait lui faire regagner. De ce coté c’est bien, c’est à l’image de ce qu’il était autrefois. Dolph Lundgren de retour, surprise et étonnement en voyant le traitement effectué sur son personnage. Si on compare le Ivan Drago de Rocky 4 et celui de Creed 2, il n’y a pas photo, on remarque que l’effet caricatural propre au charme du personnage a disparu. Drago n’est plus cette brute ridicule au 2 de QI. Plus réaliste, plus émouvant, finalement, la balance penche plus du coté d’Ivan et son fils qu’Adonis. Pour un peu, j’aurai presque préféré avoir un spin off sur Viktor Drago. A n’y rien comprendre. Malheureusement, tout ne sera pas rose pour autant. Le potentiel n’est pas utilisé comme il se doit et ce qu’on attendait d’émouvant ne verra pas le jour. Dommage.


Creed 1 voulait s’émanciper des Rocky tout en gardant quelques éléments, et avait réussi de manière surprenante à réinventer le genre sans souiller l’œuvre originale. Changement de réalisateur pour sa suite, Steven Caple Jr, moins « courageux » que son prédécesseur veut continuer le boulot mais n’y arrive pas parce qu’il sait que sans Stallone et l’âme des Rocky, ce spin off perd au change et ce, malgré la prestation de Michael B.Jordan. On ne va pas se mentir, on va tous voir Creed parce qu’il y a encore Rocky ou des petites choses de son univers. Quitter Rocky, quitter tous les éléments liés au personnage (le thème musical en tête), c’est se mettre à dos les fans de la première heure. Ca commence mal, on quitte Philadelphie pour L.A.Panne d’inspiration ou pas, toujours est-il que contrairement à Creed 1, Creed 2, reprend bêtement le même cheminement « version black » de ce qu’on aurait eu si Rocky 2 et 4, modernisés, avaient fusionné en un film.


Certains pourront au moins se consoler en découvrant des petites références à l’univers de Rocky placées subtilement, ou pas (cf le thème musical utilisé bêtement), à travers les 2heures de film. Parmi elles, cette petite punchline, nous replongeant dans l’esprit de Rocky 4 et la nostalgie des eighties. Cette punchline bien piquante, vous l’entendrez lors du face à face attendu Rocky/Ivan. Ils ont de bons restes nos deux anciens boxeurs. Crédible et logique compte tenu de la fin de Rocky 4.



C’est l’heure petit.



Au final, moins original et touchant que le premier opus, avec Creed 2, on a définitivement perdu ce qui faisait le cœur de Rocky et Creed 1. Trop de longueurs, trop de rap, trop de lenteurs, trop classique, trop remake déguisé de Rocky 2 et Rocky 4. Sans être pour autant un ratage complet grâce à la nouvelle participation d’un Sylvester Stallone touchant comme jamais accompagné de sa philosophie inspirante, une photographie et mise en scène soignées, des combats immersifs, brutaux et spectaculaires n’allant pas dans la surenchère, agrémenté de quelques caméos surprise, ce deuxième épisode a pourtant perdu le plus important : l'essence héroïque de son prédécesseur. Une autre suite? Sincèrement, difficile d'en trouver un quelconque intérêt après une déception pareille. La blessure mettra du temps à cicatriser.

Jay77
7
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le 10 janv. 2019

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Jay77

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