L'éponge? Quelle éponge?

Comme Stallone dans le 4ème épisode, la saga Rocky refuse de jeter l'éponge! Alors qu'en 2006 il offrait une très belle sortie pour son personnage avec Rocky Balboa pile 30 ans après ses débuts, voilà que débarque Ryan Coogler pour un spin of sur le fils de Creed dans lequel il rappelle, logiquement, Rocky. Le film s'avèrera une réussite à tous les niveaux, passant le flambeau avec brio à la génération suivante et offrant au personnage de Rocky un dernier combat qui permettait à Stallone de nous rappeler à quel point quelques secondes peuvent lui suffire pour nous toucher en plein coeur. Le final sur les fameuses marches de Philadelphie sonnait, là encore, comme un adieu, encore plus déchirant que le précédent.

Que le film connaisse une suite, ce n'est pas une grande surprise, mais dire que je n'étais pas prêt au concept de Creed 2 est un doux euphémisme! Dolph Lundgren de retour dans son rôle mythique d'Ivan Drago dans ce qui s'annonce donc comme la suite directe de Rocky IV!!!

Rocky IV c'est LE Rocky de ma génération, celui que j'ai vu avant tous les autres et qui a tourné une bonne dizaine de fois dans mon magnétoscope, l'épisode le plus culte après le premier. Il ne l'est sans doute pas pour les mêmes raisons certes mais, malgré ses défauts, j'ai énormément d'affection pour cet épisode qui nous a offert l'un des bad guy les plus mémorables des années 80, le terrifiant Ivan Drago, véritable Terminator avec des gants de boxe!

J'étais donc très curieux d'assister à son retour, d'autant plus que le premier Creed avait retrouvé la sobriété et la sincérité du premier Rocky. Comment allait donc s'intégrer ce personnage over the top dans un univers qui ne semblait absolument plus fait pour lui?

La réponse est toute simple: ils en ont fait un humain. Bien que jamais le film ne cherche à rendre son personnage sympathique, impossible de ne pas ressentir d'empathie pour le destin absolument tragique de cet homme qui a tout perdu et qui se retrouve avec un fils à qui il n'a pu transmettre qu'une chose: sa haine. Dolph Lundgren est ici touchant comme jamais dans ce rôle de champion déchu.

Face à lui, les atermoiements de Creed ont trouvé moins d'écho chez moi. Même si Michael B.Jordan est toujours exemplaire, tout comme Tessa Thompson. Alors oui, difficile de rester de marbre face aux épreuves qu'ils auront à affronter mais le constat est sans appel, les deux russes vampirisent le film à chaque apparition.

Présents sur une poignée de scène jusqu'au combat final, leur progression narrative est un exemple de concision et d'efficacité; et la puissance dramaturgique de leur parcours, alliée à la partition de Florian Munteanu, très touchant, a fini par avoir raison de mon soutien envers Adonis Creed! Je voulais voir gagner les Drago!

Et Rocky dans tout ça? Papy Stallone se retrouve avec une trame très simple, sans doute facile, mais d'une efficacité redoutable et dont la sobriété du traitement ne peut que vous prendre à la gorge. Il y a quelque chose de profondément douloureux à voir ce qu'est devenu Rocky au fil du temps. C'est bien simple, on a envie de le prendre dans nos bras à chaque fois qu'il apparaît à l'écran. Inutile de préciser que sa dernière scène m'a achevée... Les vannes étant déjà ouverte depuis que deux fauteuils s'étaient libéré dans les gradins lors du combat final.

Rocky nous fait donc ses troisièmes adieux. Les derniers selon Stallone himself. Il est en effet grand temps de laisser Creed voler de ses propres ailes et de laisser l'Etalon Italien avec les siens... jusqu'à son prochain come back?