Eh voila la nouvelle creation de F Ozon. Decidement, il peut se permettre de faire appel a des monstres sacres du spectacle... sans doute pas une mince affaire que de demander a F Luchini de jouer un prof sans faire trop academique, ou theatral, de citer La Fontaine sans le declamer avec passion comme il le fait dans ses one man shows. Et pour le coup, ca fonctionne... Aux cotes de C. Scott Thomas, je le trouve bien installe dans sa vie... deux univers paralleles, l'univers des 'apprenants' dont seulement quelques uns y plongeront avec bonheur, et celui tres hermetique des galeries d'art contemporain qui voudraient eduquer les curieux tout en devant etre inaccessible a la majorite... les 2 cotes du miroir en somme... il ne s'agit pas ici de science mais d'art et litterature.. un decalage marque par la tendance actuelle des axes de l’education, qui privilegie l'efficacite au depens du culturel. Mais de facon plus ouverte, le sujet du film n'est-il pas l'analyse de notre societe, qui tend a mettre a portee de tous les secrets de chacun, via la mediatisation a outrance et les reseaux sociaux sans controle, qui transforment les murs de la maison en de bien fragiles remparts... mais aussi, n'avez-vous pas ete frappe par cette maison qu'on dirait sortie d'une serie des US qui contraste tant avec l'appartement tres 70's des milieux intellectuels parisiens qu'est celui des Germains, qui confine au musee...ou ce magnifique lycee, en beton lisse peint, bien loin des architectures de ces meme 70's en prefabrique qui se deglinguaient aussi vite que les pantalons de ceux qui les frequentaient devenait trop courts... Un ecrin pour accueillir la transmission du savoir en parfait decalage avec la prise reelle qu'ont les professeurs sur leur noble mission.. Decalage tres bien illustre par le dialogue entre le proviseur du lycee (JF Balmer) et Germain, qui s’exaspere de devoir corriger en vert, le rouge etant anxiogene, les devoirs des apprenants! Dans ce decors si leche, dont F. Ozon a la maitrise, la lecture de l'intrigue reste a la seule imagination du spectateur. Qui manipule qui, quel est le champ des possibles et qui dicte sa loi. Plusieurs histoires paralleles la aussi... Le Rapha (pere) en prise a l'economie mondialisee et la chine comme aimant predateur et gisement d'opportunites, Esther (mere de Rapha) qui voit sa vie enterree vivante, Jeanne (Mme Germain), qui lutte pour la survie de sa galerie, Germain qui doute de sa mission, et se precipite dans sa perte sciemment, Rapha (fils) 'normal' 'different', Claude deja trop adulte dans son uniforme d'ado, qui joue au fils d'un pere qui n'en a pas eu et dont le pere est reduit a une existence quasi vegetale... En bref le recit minutieusement cisele, de destins qui s'entrecroisent alors que tout les separe, dans des existences qui se veulent si quelconques et dont finalement la seule cellule qui en sort 'vivante' sera la famille de la maison qui la quitte par la fuite en Chine.... Une dissertation plus developpee qu'il n'y parait sans doute, aux ressorts multiples et a la mise en scene imaginative et impeccable. Merci M. Ozon.
Nobuhiro
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le 14 oct. 2012

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