Dans la maison par yukiseop
Jusqu'à ce jour, j'étais réservé : il y avait toujours un petit côté rébarbatif, formaliste, exercice de style au cinéma d'Ozon que ne parvenait jamais à racheter ou compenser l'ambiance lourde ou sulfureuse.
Ici, et je ne saurais trop dire pourquoi, ça marche. Peut-être parce que, précisément, la racine du problème est l'objet même du film : le vrai, le faux, le fictif, la narration, la focalisation, l'imagination et le fantasme, en bref il n'ya pas d'un côté un univers moralement louche qui serait pris dans une forme ambigüe. C'est la formalisation même, toutes les formalisations (ce que disent et font les personnages, ce que dit et fait la littérature (le récit), ce que dit et fait le cinéma qui oscille sans cesse entre le pôle "plaisir" de tout récit (où les autres sont des objets) et le pôle moral des discours (les autres, dans la vraie vie, sont des sujets).
Les effets appuyés de distanciations (Lucchini dans la scène narrée ou les acteurs qui toisent par la caméra les spectateurs que nous sommes) y aident et, de même, l'excellence des acteurs.
Très réussi.