Film basé sur un roman du même nom, Dans les angles morts ne restera pas dans les annales malgré un propos plutôt alléchant. On est pourtant conquis dès l’ouverture avec des premières minutes très mystérieuses qui ont le mérite de poser une ambiance angoissante. L’histoire prend place en 1980, on suit un couple de citadins parmi lequel le mari est fraichement embauché comme professeur dans une université. Il décide alors de s’installer à la campagne avec sa femme peu convaincue par ce changement de vie pour lequel elle se retrouve à sacrifier sa carrière. Ils emménagent avec leur fille dans une vieille maison qu’ils décident de rénover. Commencent alors l’apparition d’évènements étranges, un mystère qui s’épaissit avec la découverte d’objets qui révèleront les sombres secrets que cachent leur nouvelle demeure. Le film reprend le concept de la maison hantée en proposant une mise en scène soignée qui augure du meilleur pour la suite. Malheureusement, le film s’essouffle tout en prenant une tournure bien moins horrifique qu’on pouvait l’envisager. On rentre alors dans une histoire qui travaille les relations de ce couple dans ce nouveau décor et mise sur l’évolution de ses deux personnages plutôt que dans les effets tape-à-l’œil tout en distillant quelques moments malaisants. Si le mari s’épanouit dans son métier, il va délaisser progressivement sa femme qui commence à voir des choses glauques et par conséquent s’isoler de leur entourage. Cependant, l’aspect horreur constitue plus un moyen de travailler le malaise grandissant dans ce couple qui va s’éloigner au fil des minutes. Par conséquent, on ne frissonne jamais, on assiste à un film plus dramatique qu’on pouvait le penser. Sur ce point, le film est loin d’être mauvais mais il y a comme un flou sur le genre, on s’attendait à autre chose au niveau de la narration. Par ailleurs, l’écriture des personnages est solide et le film peut compter sur un casting incroyable. On y trouve des têtes familières pour une production Netflix avec notamment Amanda Seyfried qu’on a pu voir dans Mank l’année dernière sur cette même plateforme. Elle interprète ici avec conviction cette jeune femme qui se perd dans sa solitude perturbée par les mystères qui touchent son domicile. On souligne également la présence de Natalia Dyer issue de la série à succès, Stranger Things, dans un rôle plus secondaire. Et quel plaisir de retrouver à l’écran l’immense F. Murray Abraham et de Rhea Seehorn, actrice talentueuse de la série Better Call Saul qu’on ne voit pas assez. Enfin, c’est l’acteur James Norton qui joue ce mari bien moins innocent que laisse présager son introduction mais est plus effacé et se montre même un poil caricatural au bout d’un certain moment. Malgré ces acteurs de renom, cela ne permet pas au film de sortir de sa léthargie, ils assurent l’essentiel et sont globalement transparents dans ce film qui fait le choix de se focaliser sur ce couple. Même si on prend conscience que l’horreur est au second plan, le film est terriblement long et inutilement bavard. Dans une volonté évidente de construire au mieux chacun de ses personnages, le film se perd à travers des scènes à rallonge voire même prévisibles à certains moments. Finalement, l’histoire est cousue de fil blanc et se montre bien moins étonnante. C’est d’autant plus dommage car le métrage propose une conclusion intéressante comme pour mieux sortir de sa torpeur, on regrette juste que le scénario n’ait pas creusé davantage certaines sous-intrigues plutôt que d’autres souvent inutiles. Le film paye ses mauvais choix, ajouté à cela une réalisation qui est malheureusement trop propre et ne parvient que très rarement à retranscrire une atmosphère sombre pourtant prometteuse dans ses premières minutes. Pour revenir à sa durée, il est probable que plusieurs minutes en moins auraient assuré un récit plus rythmé car cette longueur nuit à l’intérêt, le film témoigne d’un ennui dommageable durant la plupart de sa narration. C’est finalement la déception qui gagne le spectateur.