"Danse avec les Loups", un film sur l'interculturalité au sein d'une nature magnifiée.

"Danse avec les Loups" ("Dances with Wolves" en VO) est mon film de chevet depuis sa sortie en salle, en 1991. A l'époque, j'avais sept ans et ma mère m'avait accompagné le voir au cinéma "Star" à Strasbourg. C'était probablement la première fois que je regardais un film d'adultes au cinéma, mes parents ayant pris l'habitude de m'accompagner voir le Disney annuel depuis mon plus jeune âge. C'est moi qui avait demandé avec insistance à me rendre à cette projection. En effet, à cette époque déjà, les Indiens d'Amérique me fascinaient. Bien sûr, comme tout petit garçon qui se respecte, j'ai joué aux "Cow Boys et aux Indiens" et l'imaginaire enfantin est rempli de références aux Amérindiens. Mais ce film a révélé en moi un intérêt bien plus particulier pour les Indiens des grandes plaines, les Sioux notamment puisque le film traite du mode de vie de cette nation. Je parle ici de Nation et non de tribu car "Sioux" est un terme générique regroupant l'ensemble des tribus Dakotas, c'est-à-dire de langue dakota, les distinctions entre ces différentes tribus étant importantes : il y a les Sioux Hunkpapas (Sitting Bull en était), les Sioux Oglalas (Crazy Horse en était), etc...Mais ne reprochons pas au film d'avoir été vague sur les particularités ethniques de la tribu que le lieutenant "yankee" John DUNBAR, détaché sur la "frontière" colonisatrice américaine, a rencontré, le film s'attachant a relaté en tous points la réalité historique. Le lieutenant John G. Dunbar, incarné par Kévin Costner, s'est retrouvé aux contacts des Sioux après avoir été élevé au rang de héros malgré-lui après un suicide raté lors d'une bataille de la guerre de Sécession (1861-1864). Après cet épisode, en 1863, le lieutenant Dunbar a demandé à partir en mission au Fort Sedwick, dans l'actuel Dakota du Sud, poste avancé à la frontière entre le "monde civilisé", colonisé par les blancs et le "monde inexploré", celui où les Indiens n'ont eu que peu de contact avec les colonisateurs. Le lieutenant Dunbar relate son aventure à l'aide d'un carnet, journal intime dans lequel il matérialise ses états d'âmes, ses joies, ses peines, ses doutes par l'écriture ou le dessin. Nous le voyons s'acclimater à cette solitude heureuse, le militaire s'astreignant à une discipline de vie nécessaire afin de survivre dans un monde à priori hostile: il retape le Fort Sedwick et le rend à nouveau habitable, celui-ci étant en fait à l'état de ruine à son arrivée. Puis, le film nous entraîne vers une double recontre : d'une part, John Dunbar fait connaissance avec un loup qu'il baptisera "Chaussette" en raison de la couleur noire de ses pattes. Il s'agit ici de faire le lien entre l'Homme et l'animal, l'Homme et la nature, magnifiée par les images exceptionnels des paysages des grandes plaines. D'autre part, le lieutenant nordiste fait connaissance avec une tribu de Sioux, par l'intermédiaire d'une femme blanche, adoptée par la tribu et qui, comme lui, a tenté de se suicider en raison de la perte de son mari Indien. Si les premiers contacts s'avèrent distants, le film insiste sur le lent apprivoisement des uns et des autres, la culture de chacun entrant ainsi en interconnexion. Et l'intérêt principal du film est là : comment pouvons-nous nous comprendre lorsque nos cultures sont diamétralement opposés ? D'un côté, l'Homme blanc, avide de conquêtes, peu respectueux de la nature qu'il souhaite avant tout dompté ; d'un autre côté, l'Indien dont le mode de vie le rapproche au maximum de la nature dont il fait partie dans sa cosmogonie même. Cependant, même si nous pouvons reprocher un certain manichéisme dans ce film, le capitaine Cargill, chef de l'expédition qui finira par arrêter John Dunbar, montre une humanité qui n'a de limite que sa mission colonisatrice. Nous pouvons également estimer que Costner manque de nuances lorsqu'il dépeint la guerre entre les "gentils" Sioux et les "féroces" Pawnees, ces derniers pouvant être rapprochés des "sauvages" sans foi ni loi des westerns primitifs. Mais le message humaniste du film ne souffre pas de ces défauts, le respect de la nature et de la culture des autres prenant le pas sur tout autre message. Un grand film, un chef-d'oeuvre absolu.
Jahwork
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le 1 mars 2015

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