D'écrire, une critique j'ai réussi

wow (sans majuscule pour bien montrer à quel point j'expire cette interjection tel un soupir de ravissement). Qu'est ce que ce film est bon ! Et tout particulièrement qu'est ce que Romain Duris est brillant ici ! Taillé dans un bloc d'obsidienne, il traverse le film, la mâchoire vissé, sombre, bouillonnant d'une rage contenue, pulvérisant le film à chaque instant de son charisme, démontrant toute l'étendue de son jeu si ce n'en est toute la qualité (il avait déjà eu l'occasion de le faire dans un tout autre registre avec l'Auberge Espagnole). Ouais, rien que ça.

Mais pour un tel bijou (non, non, je ne suis pas tombé amoureux) il fallait un écrin qui le mette en valeur : et quel écrin !
De battre mon cœur s'est arrêté est un film rare, frôlant en permanence le polar ou le noir sans jamais y rentrer vraiment. C'est l'histoire de Thomas Seyr (Romain Duris, donc) qui marchait dans les traces de son père (Niels Arestrup, parfait), agent immobilier véreux, près à embrasser cette vie de magouilles, de petite frappe, jusqu'à ce qu'une rencontre le place à un carrefour : va-t-il choisir de devenir comme son père ou bien comme sa mère, morte depuis un moment, mais dont l'ombre planait sur sa vie sans qu'il s'en rende compte ? De battre... raconte l'histoire de la possibilité de cette rédemption, passant par l'art, tout le film tournant autour de cette question existentielle puissante : est ce qu'on a la possibilité de choisir sa vie ?



Et là où le film est très fort (et joue intelligemment sur le casting d'un acteur aimé du public) c'est qu'il arrive à nous faire aimer une brute, une ordure et que du coup tout le film on a envie qu'il réussisse sa rédemption tout en se rendant compte du chemin qu'il à faire et du fait que tous les éléments de sa vie cherchent à le faire rester sur cette voie. Nota Bene : et ne pensez pas avoir deviné la conclusion du film en me lisant, j'ai tout fait pour garder au maximum le flou qui parcours le film jusque dans ses dernières minutes.

La réalisation d'Audiard est pour le coup exceptionnelle, tous les mouvements de caméra étant particulièrement bien pensés et justifiés (je pense par exemple à une scène muette avec une caméra mouvante, situé vers la fin du film). La musique est magnifique (ainsi que le traitement du son), les acteurs sont tous au diapason, etc.
Bref, un chef d'œuvre.
Fuckin Audiard.