Jacques Audiard et son film De battre mon coeur s’est arrêté réalisé en 2005, mêlant action et drame, est à l’origine une commande de Pascal Chaumeil à Jacques Audiard, lui proposant de faire un remake du film Mélodie pour un tueur (Fingers en version anglaise) réalisé en 1978 par James Toback dans le quel on va retrouver beaucoup de similitude. En effet la différence principale va être le piano qui n’est qu’une simple passion pour Fingers, et n’a pas beaucoup d’influence par rapport à "De battre" où l’intérêt du piano est important, et devient même le fil conducteur du film.


Ce film de Jacques Audiard nous expose une relation père-fils très marquée, comme la mère de Tom est décédée. Nous avons affaire à un père mi-ogre à la voix douce qui donne un coté émotionnel, et une mère fantôme que l’on retrouve à travers des cassettes d’enregistrement. C’est elle qui jouait du piano et qui a donné sa passion à son fils Tom.
Il y a cette idée d’errance dans la vie de ce personnage, par rapport à Fingers, qui va se transformer en parcourt à partir du moment où le piano refait surface dans sa vie et donc en même temps le côté de sa mère.
On pourrait parler du début qui est une sorte d’oracle annonçant au spectateur ce qui va se passer pour Tom et il n’est pas anodin que la première phrase du film soit « Toi tu connais bien ton père », on comprend que le rôle du père aura son importance, scène qui est d’ailleurs très critiquée de par sa place dans le film. Peut-être que ça explique trop la suite ? On peut faire un lien avec Jacques Audiard aussi très proche de son père. Son père en effet dans l’immobilier, est très proche de son fils, ils échangent presque leur place à travers le film et la fixation de Tom est celui de le protéger sans cesse. Il y a notamment cette scène très forte où Tom lui enlève son pantalon pour le coucher. Mais le début du film nous embrouille tout de même, on ne s’attendait pas à cette nervosité du personnage de Romain Duris, c’est la seule scène qui expose autant de sensibilité et d’écoute, puisque Jacques Audiard ne va pas choisir de rentrer plus intimement dans la vie des amis de Tom. C’est une ambiance différente du reste du film, c’est une sorte de confession.
Les dialogues du reste du film sont très commerciaux, on y trouve surtout un univers visuel très beau. On ne lâche pas le point de vu de Thomas tout le film, caméra à l’épaule ce qui rentre le spectateur plus rapidement dans les actions. On est sans cesse dans la tête de Tom, il y a une sorte de vérité sociale qui s’installe. Il a bien sûr aucune véracité pour être pianiste, mais on s’y attache tout de même grâce à la mise .


Son parcourt est très intéressant car il va finalement se tourner du côté de sa mère alors qu’on commençait avec son père, c’est le piano qui va changer sa vie, et ré-ouvrir cette éducation sentimentale qu’il a eu. Il va même s’intéresser aux femmes. Ainsi même son travail va changer, le personnage va ressentir plus de sentiment, il va s’ouvrir à une sorte de sensibilité, et son travail véreux va ne plus sembler lui plaire tant il pense à la musique, ce que ses amis vont lui reprocher.
Ce film avance par humeurs, on a plusieurs situations de dispute avec son père, dispute avec sa professeur de piano, puis des moments inversés. La musique est très importante tout le long du film, principalement de piano, très intenses qui nous rentre dans un rythme. Les habits de Thomas sont très importants, ils vont avec sa vie et c’est un véritable travail sur son évolution, passant de la veste en cuir débraillée au costume cravate dès qu’il accède au monde de douceur, celui du côté maternel.


Le challenge de ce personnage était soit de suivre son père, soit sa mère. Le destin ou hasard a mit sa mère sur son chemin, et mourir son père, d’un côté il a choisit le côté imposé mais peut être qu’il n’a pas su tout simplement protéger son père. Est-ce une prise de conscience ? On pourrait parler de libération peut être, qui le fait aller vers ce côté maternel moins violent, avec notamment la cassure avec la bagarre entre Tom et ce Russe à la fin, cette brisure des testicules argumentait le conférencier, qui le fait rompre totalement avec son père.
Le conférencier disait que le fait d’être devenu l’agent de sa professeur de piano montrait qu’il devenait presque sa mère, qu’il cherchait à lui ressembler, peut être que cela est exagéré. Il prenait l’exemple de la bagarre, où il devenait sa mère puisqu’il ne le tuait pas, alors que dans Fingers il le tue d’ailleurs. Libre à nous de définir à quel degrés l’esprit maternel intervient, il y a en tout cas dans ce film une influence américaine avec les actions, caméra très vives, et des idées reprises de l’original, qui donne un beau rendu à ce film.
Notons les belles images de ce film et sa sensibilité, qui certains dirons est due au jeu de notre cher Duris (très critiqué n'est ce pas).

Olivia_Bayeul
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le 10 juin 2015

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Olie Byl

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