Débile & Volubile

Après la surprise totale Deadpool en 2016,il n'aura fallu attendre que deux ans pour voir la suite du super-héros qui "révolutionne" le genre. Je n'avais pas compris alors à la sortie du premier opus en quoi Deadpool était aussi unique et novateur dans un genre qui multiplie les productions. Finalement assez convenu dans son propos, le fait que Deadpool brise le 4ème mur n'est qu'un ressort comique à peine utilisé dans ce 2ème volet, car il faut le dire: les deux films ne proposent rien de nouveau d'un point de vue scénaristique et les choix d'intrigues de ce Deadpool 2 laissent clairement à désirer.

Je suis surpris de l’enthousiasme et de l'accueil très positif reçu par le film, au même titre que Thor Ragnarok il y a quelques mois. Deadpool 2 a le symptôme de la suite, et de la suite pas très inspirée qui plus est. A vouloir faire plus, le film en fait moins. Avec plus de personnages, plus de blagues et plus d'action, j'ai personnellement eu la plus grande difficulté à rester concentrer pendant près de deux heures face à ce héros que je qualifierai de forceur. Je me suis ennuyé à de nombreuses reprises, là où Avengers: Infinity War m'avait profondément amusé.

Deadpool ne cesse de parler pendant deux heures, et écouter parler Ryan Reynolds n'est pas passionnant. Si je n'ai rien contre cet acteur, quoique je ne l'apprécie guère, je lui trouve tout ce qui est mauvais dans le cinéma américain et notamment la blague baveuse bien lourde et pas drôle. D'ailleurs, il n'est pas étonnant que le gars ait décidé de se séparer du réalisateur du premier volet afin de proposer un humour bien lourdingue, loin de la pertinence du premier film. Si les caméos sont souvent savoureux, et si les références aux autres films de super-héros fonctionnent, le comique tombe toujours à plat et notamment parce que les personnages expliquent leurs propres blagues... Comment désamorcer ses blagues ? En faire des tonnes. Le fait que cet humour marche si bien en France m'étonne d'une certaine manière, quoique l'américanisation est toujours d'actualité. Je m'égare.

Côté personnages, Deadpool 2 se paye de luxe de rajouter de la matière, avec deux très bons protagonistes: Domino et Cable. Chacun avec sa classe et ses différences. Certains peuvent voir en Cable un Terminator du pauvre, et pourtant, j'ai adoré chaque passage avec ce personnage, il faut croire que Josh Brolin s'impose dans des rôles finalement inattendus. Cable est la vraie proposition du film d'action, et y retrouver le réalisateur de John Wick et d'Atomic Blonde laisse place à des scènes vraiment impressionnantes à l'image de la séquence dans le camion. D'ailleurs, l'action est ce qui sauve le film du naufrage tant elle est bien menée et exécutée là ou d'autres se plantent en beauté (Oui oui je m'adresse aux frères Russo). Domino apporte une fraîcheur bienvenue, avec une actrice sublime qui compense l'absence préjudiciable de Morena Baccarin.

Enfin, je ne saisis pas pourquoi il faut impérativement associer Deadpool avec les X-Men, n'étant pas un grand connaisseur de ces comics, je dois dire que le décalage est trop important à l'image de la mayonnaise entre Deadpool et Colossus qui ne prend pas. C'est trop forcé, et voir débarquer l'avion des X-Men et que seulement deux nanas en débarquent n'apporte strictement rien au film si ce n'est de la frustration, d'autant plus que ces personnages ne servent à rien.

Deadpool 2 une suite décevante, et qui à l'image de son calendrier de sortie situé entre Avengers et Star Wars ne pouvait laisser espérer mieux.

5/10.