DEEPWATER (13,6) (Peter Berg, USA, 2016, 107min)
Débarqué sur nos écrans hier, ce film catastrophe environnemental tendu décrit l’accident pétrolier intervenu le 20 avril 2010 sur la plate-forme offshore "Deepwater Horizon" au large du golfe du Mexique faisant 11 morts et la plus importante pollution survenu aux États-Unis. Le réalisateur habitué avec plus ou moins de réussites aux films d’actions avec notamment le correct Le Royaume (2007), l’irrévérencieux Hancock (2008) et le nanar Battleship (2011). Trois ans après l’immersif Du sang et des larmes (2013) Peter Berg nous offre le deuxième volet de sa trilogie sur les « héros » américains contemporains avant la livraison l’année prochaine de Patriots Day (inspiré de l’attentat du marathon de Boston du 15 avril 2013). Le réalisateur cette fois ci s’inspire encore d’une histoire vraie en racontant cet accident du point de vue du chef électricien Mike Williams (devenu pour le film consultant technique) pour relater avec plus de véracité possible les événements tragiques. Le metteur en scène dès le début nous plonge dans le procès des différents protagonistes avec des récits audio de l’audience pour permettre d’établir la responsabilité de chacun par rapport à la catastrophe. Puis rapidement avec des plans très précis et inédits on découvre cette plate-forme pétrolière « Deepwater Horizon » et la mise en images n’aura de cesse de se rapprocher au plus près de la vérité de ce 20 avril 2010. Le film se compose en deux parties très distinctes, une première partie nécessaire mais bien trop longue et parfois un peu mièvre pour introduire chaque personnage aux profils et caractères différents et montrer néanmoins avec précision la vie quotidienne entre ces hommes sur une plate-forme pétrolière. La deuxième partie consacrée à la catastrophe elle-même survenue à cause de failles dans les systèmes de sécurité et l’hypocrisie cynique des responsables de British Petroleum demandant toujours plus de rendement en faisant fi des risques encourus pour ces hommes prolétaires. Cette dualité se décline narrativement sans trop de manichéisme. La mise en scène totalement immersive place le spectateur au cœur du drame humain, les plans se veulent presque documentaires tant la précision des gestes, des attitudes, et de l’aspect technique nous est présenté pour que nous fassions véritablement partie de cette famille et que l’empathie et l’émotion nous gagne lors du cataclysme. Peter Berg filme sans en faire trop et sait placer la caméra au mieux pour rendre crédible cette histoire assez dingue, le lieu en total huis clos se trouve être un remarquable endroit pour exposer cinématographiquement une catastrophe encore faut-il savoir l’exploiter psychologiquement. Sur ce plan-là le cinéaste s’en tire avec les honneurs en rendant un bel hommage à tous ces hommes courageux restés sur la plate-forme pour essayer de combattre contre l’incendie et empêché une marée noire encore plus importante (780 millions de litres de pétrole déversés dans les fonds sous-marins). La mise en scène offre des scènes spectaculaires où les hommes parfois perdent leur identité, ne pouvant être distingués distinctement, tous englués dans un même magma de pétrole et les plans impressionnants dépeignent parfaitement l’ampleur de la tragédie et l’impuissance égalitaire face à l’enchaînement d’événements et de mauvaises prises de décisions rendant la catastrophe inéluctable et mortelle (11 hommes tués). Le réalisateur propose également un travail pertinent sur le son notamment avec les scènes imprévisibles et terrifiantes des multiples explosions. Le long métrage décline une narration simple mais non simpliste car les divers enjeux économiques et humains trouvent une assez bonne illustration, la tension monte crescendo, et le dynamisme de la deuxième partie offre des moments intenses sans exagérer le trait et sans trop bouger la caméra. Le cinéaste s’appuie sur un casting solide avec l’impeccable et combattif Mark Wahlberg interprétant le chef électricien, le brillant John Malkovich en décisionnaire pour la compagnie pétrolière prêt à toutes les imprudences pour faire des économies et l’inusable Kurt Russel à la moustache fournie en capitaine vieux loup de mer. Venez-vous immerger dans cet entertainment intelligent au cœur de Deepwater résonnant comme un signal d’alarme économique et écologique. Inégal, courageux, humain et efficace !

seb2046
7
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le 13 oct. 2016

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