Après le très réussi La saison des femmes, le cinéma indien nous offre un nouveau film où les femmes sont à l'honneur. C'est moins emballant, cela manque de subtilité et se perd en voulant aborder trop de sujets à la fois.


Sept femmes, sept personnalités différentes. On les découvre au quotidien, devant faire face à des hommes voulant leur imposer leurs idées. Ce sont des femmes de caractère, cherchant à s'émanciper de cette société patriarcale. Elles vont se retrouver à Goa, pour le mariage de l'une d'entre elles.


C'est sur un ton léger que débute l'histoire. Les déesses indiennes ne sont pas encore en colère. Elles n'arrêtent pas de sourires, de sautiller sur la pointe des pieds, de se prendre dans les bras et de pousser des cris de joie. Cette hystérie est à l'image de la réalisation de Pan Nalin, tout en excès. Il tente d'insuffler de la folie dans son film, en mettant en avant une actrice répétant ses répliques très fort, où une chanteuse cherchant l'inspiration en poussant sur ses cordes vocales. Cela manque de finesse, les traits sont très forcés et on se retrouve avec des personnages manquant de profondeur en devenant des clichés. Elles rient, pleurent et crient. C'est en résumé ce qui se déroule nos yeux, avant qu'un premier drame vienne tempérer leur bonne humeur pas vraiment communicative.


De la comédie au drame. Le film va osciller longuement entre ces deux genres, avant de prendre une direction surprenante et devenir enfin intéressant. Mais en voulant traiter trop de sujets : La culture du viol, la société patriarcale, le systèmes des castes, la corruption, etc.... l'histoire s'éparpille dans tout les sens et survole la plupart des thèmes évoqués. Il y a beaucoup de maladresses, comme l'apparition impromptu d'un homme au milieu d'un repas entre elles, pour faire un peu avancer l'intrigue. Puis Pan Nalin se prend trop souvent pour Michael Bay avec un plan à la seconde, alors qu'il n'est pas du tout à l'aise lorsque l'intrigue s'emballe. Malgré tout, il arrive à faire passer son message, surtout lors d'une inoubliable scène finale. Après, il a tellement asséner son propos, que ce serait difficile comprendre, comme s'il s'adressait à un public manquant de réflexion....


Le basculement est radical. Même si ces jeunes femmes sont sympathiques, elles souffraient d'un scénario avançant avec de très gros sabots. On sent cette envie de jouer sur les extrêmes, de vouloir nous emporter dans la folie de ces femmes, avant de nous asséner un uppercut en plein visage. Même si on le voit venir, on ne peut rester insensible à ce drame et sentir la colère prendre place dans nos esprits. Mais pour en arriver là, il faut subir l'hystérie de certaines scènes, comme lors de la découverte d'une arme où d'une explosion de rage dans un bar. Cet excès est fatiguant, avec toujours ce procédé de l'explosion avant d'en découvrir la raison. Cette absence de finesse est vraiment handicapante et finit pas lasser, malgré la bonne humeur de ses interprètes.


L'oeuvre n'est pas si désagréable, elle a le mérite de donner la parole aux femmes et d'aborder des sujets difficile, surtout dans une société indienne ne voulant pas donner de l'importance à la femme. Mais elle est aussi agaçante, de par son hystérie collective, ses excès et son manque de subtilité. Ces femmes méritent mieux, mais il faut bien un début pour faire avancer le débat.

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le 28 juil. 2016

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Laurent Doe

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