Entre deux comédies beaufs régionalistes avec des acteurs parisiens à l'accent forcé, les histoires de choc culturel avec Christian Clavier qui font mine de célébrer le vivre ensemble mais qui s'avèrent bien réacs quand on gratte un peu et une énième histoire de crise de la quarantaine filmée dans un duplex du 15ème arrondissement, le cinéma Français accouche parfois de petits miracles comme Diane à les épaules.
Pour comprendre, la singularité du film dans le paysage cinématographique français, il faut rapidement évoquer le synopsis : Diane, la trentaine fringante et insouciante, joue la mère porteuse pour un couple d'amis homos. Pendant sa grossesse, elle retape la maison de campagne de ses parents et commence une liaison avec un électricien passionné d'arts-martiaux.
Voila pour le résumé kamoulox d'une péloche qui se frotte à des sujets brûlants et quand on connait la façon qu'à le 7ème art français d'aborder des sujets de société épineux, il y a de quoi craindre le pire.
Sauf que voila, le premier long de Fabien Gorgeart évite absolument tous les pièges propres à ces enjeux et fait preuve d'une subtilité salvatrice dans son écriture.
Ainsi, Diane à les épaules n'est ni une comédie grasse sur la GPA, ni un film sur les amours compliqués d'une éternelle adolescente et encore moins une caricature de l'homo-parentalité.
En effet, Gorgeart prends soin de ne jamais trop contextualiser toutes ses questions (en 1h25, il n'en a de tout de façon pas le temps) et préfère s'intéresser à ses personnages et à leurs tourments. Ainsi, si Diane à les épaules est souvent très drôle, il s'avère être au final une véritable comédie dramatique (une impression renforcée par un final doux-amer) qui n'hésite pas à se confronter aux petites lâchetés, à l'égoïsme et aux contradictions de ses protagonistes.
Toutefois, le film prends garde à ne jamais juger ses personnages ni à porter de regard moralisateur et encore moins condescendant sur des situations complexes humainement parlant. Autant dire qu'à une époque où le débat public est hystérisé et polarisé à l'extrême, un tel point de vue fait un bien fou !
En dépit d'une mise en scène peu inventive (mais qui offre tout de même quelques beaux moments de poésie), Diane à les épaules est une réussite totale qui doit aussi énormément à ses interprètes et notamment à sa comédienne principale qui irradie la pellicule dans un rôle pas facile.
Bref c'est un carton plein et une oeuvre à soutenir en salle impérativement !