Violent, écœurant, vidéoludique, sans réflexions ni intérêt

Septième Art et demi


J'ai trouvé exactement de quoi District 9 est le mélange : La Mouche et Starship Troopers. On démarre dans un ton documentaire, dont on va découvrir qu'il apporte une forte originalité et beaucoup d'immersivité à tout le premier tiers du film, qui porte sur l'éviction d'aliens. Cette formule permet de passer outre l'administratif et le militaire tout en rendant ces plans politiquement réalistes de façon poignante.


À ce stade du récit, la nervosité de l'acteur principal, Sharlto Copley, est contenue dans une bureaucratie de terrain ironique et intelligemment choquante, car sous des airs de rongeur (oui, ça me fait cette impression), il est un homme à l'esprit fort et qui sait appliquer ses connaissances. À ce stade aussi, les prémices de la comparaison avec La Mouche se font sentir : tout est organique, partout, écœurant dans les moindres recoins. Eeeet... c'est bien fait.


En parallèle de tout ça, un aspect intelligent est exploité : quand l'arrivée d'extraterrestres provoque le racisme chez les populations noires... une ironie hélas tellement bâclée qu'elle passe à peine pour une bonne idée. Et puis c'est la débâcle : Copley devient incontrôlable dans son rôle de fou lésé et appeuré, l'organique devient du gore gratuit, l'intrigue vidéoludique et violente. C'est une rupture énorme marquée par l'arrivée de la musique et signant la fin du documentaire. Le politique devient l'outil d'un nœud de l'histoire sans queue ni tête (pourquoi les scientifiques sont véreux, ça restera un mystère sans l'ombre d'une justification) et l'on débarque sur un terrain cahoteux pour arriver en première vitesse sur une fin sitcomesque et sans impact.

EowynCwper
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le 19 févr. 2018

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Eowyn Cwper

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