Docteur Williams

Étonnamment, Dr. Patch n'a pas une note catastrophique sur Sens Critique. Pourtant, lors de sondage irl, on ne peut pas dire que le film ai attiré l'amour du public, ni même sa sympathie. Les Sens-Critiqueux seraient alors plus cléments que ce que la légende veut bien le dire ? Autopsions le cas Patch et tâchons d'y voir plus clair.

Bitter-sweet symphony

Le film raconte l'histoire de Hunter « Patch » Adams, étudiant en médecine dépressif qui se découvre un don pour apporter du réconfort et de l'aide à ses semblables par le biais du rire. Il se fait alors l'ambassadeur d'une approche alternative de la médecine. Cependant, ses méthodes "peu orthodoxes" dérangent les mandarins de la faculté....
Alors, pour un film qui se veut basé sur une rigolo-thérapie, le moins qu'on puisse dire c'est que l'ambiance est étrangement morose, pour une histoire très maladroite et tellement incohérente et illogique dans ses ressorts narratifs qu'on se dit qu'il y a forcément anguille sous roche.

Ce ton crépusculaire et un peu foutraque peut trouver son origine dans un faisceau de conséquences.
Le réalisateur Tom Shadyac s'essaye pour la première fois à la comédie dramatique. Après nous avoir offert deux classique de la comédie en castant génialement le monstre Jim Carrey (Menteur, Menteur et Ace Ventura), le libanais s'attaque à la vie de Hunter Adams, en adaptant sa biographie en un film très très très romancé. Il est temps de montrer à Hollywood qu'on peut faire rire et pleurer.

1998 correspond également et surtout à un tournant dans la carrière de l'acteur principal, Robin Williams. Après avoir littéralement régné sur les années 90 en incarnant des personnages marquants une génération entière de cinéphiles (Le cercle des poètes disparus, Aladdin, Hook, Mme Doubtfire, Jumanji, Fisher King...), le doux dingue de Chicago remporte son premier (et seul) oscar pour son second rôle dans Will Hunting en 1997.
Et puis arrive Flubber. En 1998. Cet étron rebondissant, sans être la cause du déclin de l'ami Robin, est tout de même symptomatique de ce qui arrivera par la suite. D'un coup moins bankable, ou désirant se tourner vers autre chose que la comédie populaire, Williams se fera plus rare sur les écrans, à raison de 2 films par an en moyenne pour la décennie 2000 : il enchaînera les projets science fictions bancals (A.I., l'homme bicentenaire), les rôles à contre-emplois plutôt réussis (Photo Obsessions, Insomnia, Final Cut) et les comédies qui le sont beaucoup moins. Patch se situe à ce moment charnière.

Docteur Williams

A mon sens, le principal reproche qu'on pourrait faire au film est qu'il s'agit d'un produit taillé au burin pour les oscars, extrêmement convenu dans ses constructions et dans son histoire. Un biopic finalement pas si respectueux de la vie d'Adams (il restera très silencieux et neutre sur la question). Comble de l'échec, le film il ne rencontrera pas le public de l'académie, et Robin Williams ne réussira pas l'objectif clairement annoncé de réaliser un doublé de statuettes en incarnant ce docteur dépressif qui choisit de faire les rire les autres s'il ne parvient pas à être heureux.

Et bim, c'est là que je voulais en venir mes chers amis. Bien qu'annoncé comme tel, Docteur Patch n'est pas le biopic de Hunter Adams mais bel et bien un voyage dans l'esprit de Robin Williams. En choisissant l'acteur qui incarnat le Génie de Disney, Shadyac pense avoir trouvé l'homme parfait pour son histoire parfaite. C'est à se demander si le sujet n'a pas été choisi après l'acteur ou le film réalisé autour de lui pour un rôle taillé. (Toutes proportions gardées, on retrouvera un peu ce délire méta avec Mikael Keaton dans Birdman...).

En cela, il s'agit d'une œuvre touchante, bien que dégoulinante de guimauve, sans être révolutionnaire, à revoir après la tragique disparition de l'homme qui nous a fait rire tellement de fois.