J'aime Joseph Gordon-Levitt. Notre histoire d'amour a débuté avec "Troisième planète après le soleil", une sympathique sitcom, ou son talent éclaboussait l'écran de par son charisme, ses fossettes et son sourire. Je le compare souvent à Leonardo Di Caprio, de par leur parcours, et comme le hasard fait bien les choses, leurs films ont eu la bonne idée de sortir la même semaine.

A 32 ans, il écrit et réalise son premier film, tout en jouant le premier rôle, celui de Don Jon (hommage à Don Johnson ? Même si on sait que c'est surtout en rapport avec Don Juan), avec un sujet pas évident sur le papier : un jeune homme accroc au porno et superficiel.
Sa vie, c'est son corps, sa voiture, sa famille, son église, ses amis, ses conquêtes d'une nuit, son appartement mais surtout son porno (pornhub pour être précis), une addiction qui lui semble normal, car comme tout accroc, il vit dans le déni de celle-ci.
Scarlett Johansson va venir chambouler son univers, la soi-disant "femme parfaite" pour lui, avec sa plastique et son chewing-gum qu'elle mâche constamment, est une version "réelle", des porno-stars sur lesquelles il fantasme quotidiennement. Elle aussi vit dans un monde merveilleux, ou les hommes font tout pour la femme qu'ils aiment, fortement influencée par le cinéma romantique, dont elle impose le visionnage à un Joseph Gordon-Levitt dépité (on notera un duo de caméo fort sympathique, surtout le mâle qui devient un habitué de ce genre de prestation).
Le couple semble fait l'un pour l'autre, ils sont jeunes, beaux et superficiels, sauf que l'addiction de Joseph Gordon-Levitt, va briser leur pseudo histoire d'amour, dont celle-ci sera superbement résumée par sa sœur, Brie Larson, dans un rôle quasi-muet, elle aussi ayant une addiction son téléphone portable.

C'est à partir de cette rupture que le film prend une toute autre dimension, de comédie romantique classique; remplissant son cahier des charges, tout en me laissant dubitatif, devant l'abus de gros plan sur des seins, des culs et des visages de salopes en chaleur (n’ayons pas peur des mots), trop répétitif et vide comme ses personnages; il devient surprenant et émouvant, de par la grâce de Julianne Moore, de cette histoire qui prend forme, du changement de Joseph Gordon-Levitt, de sa prise de conscience, de sa prise en main, décidant enfin, de sortir de sa routine, de briser ses barrières par des actions simples, comme de faire un basket (sport collectif), plutôt que de continuer son chemin vers la salle de musculation (hymne à l’individualisme et au culte du corps).

Joseph Gordon-Levitt a réussi son premier film, plus dans une écriture ambitieuse; malgré des défauts; moins dans la réalisation, ou il se contente de filmer ses personnages, certes c'est sobre, il ne cherche pas à épater la galerie, mais c'est un peu poussif.
J'ai aussi apprécié, son côté 90's. S'il n'y avait pas internet et son macbook, on aurait pu se croire au 20ème siècle. La présence de Tony Danza renforce cela, lui aussi un acteur de sitcom, inoubliable dans "Madame est servie", par ailleurs excellent ici, qui a aussi son addiction, la télévision, tout comme le morceau de Marky Mark & the Funky Bunch "Good Vibrations", dont le fameux Marky Mark est un certain Mark Whalberg, qui aurait pu être ce "Don Jon", tout comme Channing Tatum, je dis ça, je dis rien.

Malgré une première partie décevante, la seconde partie rattrape le film, puis je préfère que pour son premier essai, Joseph Gordon-Levitt ne nous ponde pas un chef-d'oeuvre. Cela lui permet de travailler sereinement pour son second film, que je serais ravi d'aller voir, en espérant que sa carrière de réalisateur, soit aussi bonne que celle d'acteur, surtout qu'elle est loin d'être finie.
easy2fly
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le 31 déc. 2013

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Laurent Doe

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