Donnie Darko par frederic_hunter
J'avais ce film dans ma bibliothèque depuis un milliard d'années. A quelque chose près... finalement, hier soir, la flemme de bosser aidant, et à force de tournoyer dans mon Media-Center, c'est lui qui est sorti du chapeau de magicien. Abracadabra... le lapin est sorti du chapeau.
En résumé, "Donnie Darko" retrace le parcours (surréaliste ?) d'un jeune homme du même nom... ensuite, il est impossible de parler du film sans spoiler un peu. Vous voilà prévenu. Donnie est intoxiqué aux médocs pour une schizophrénie qui ne le lâche pas d'une semelle, et qui prend l'apparence d'un immense lapin bleu... Vous aurez noté le clin d'oeil à "Harvey" ; un film américain de Henry Koster de 1950, dans lequel le héros, un doux-dingue-rêveur, voit lui aussi un lapin géant entrer dans sa vie... Sauf que le lapin de Donnie a franchement une gueule de serial-killer, et pas du tout celle d'une peluche ("Harvey").
Le film démarre presque comme une comédie, pour se diriger vers la presque-parodie, puis le cynisme, la critique... et sombrer petit à petit vers le sombre, le malsain, le morbide et le macabre. Jusqu'au réveil final (dont je ne vous dirai rien, bien entendu). "Donnie Darko" est un puzzle de 2h et toutes les pièces s’emboîtent magistralement lors du dénouement. Vraiment grandiose...
Le cinéma contemporain se divisent, à mon sens, en deux catégories. Les films... et ceux de David Lynch, sans qu'il n'y ait aucune liaison entre les deux, sans que la moindre frontière ne les divise. Deux mondes différents, parallèles, qui ne se croisent jamais (sinon, rarement, avec "Une Histoire vraie", quand David Lynch tente de tremper un orteil dans le cinéma "traditionnel"). Dans les deux camps, il y a du bon, et du franchement beaucoup moins bon. "Donnie Darko" est précisément le chaînon manquant entre ces deux catégories. La passerelle improbable entre le film classique avec un début, un développement et une conclusion, et le bordel sans nom de Lynch, que l'on aime ou pas. Les films traditionnels sont composés de pièces qui se rassemblent petit à petit, et s'imbriquent pour construire une histoire qui nous chemine quelque part... alors que les films de Lynch mêlent les pièces et tentent de former un autre paysage que le paysage initialement prévu. "Donnie Darko" nous présentent les éléments un par un, sans les assembler, en gros plan, pour tous les emboîter au final... Et quel final.
L'histoire est sans faille. La réalisation est, par moment, très percutante, par moment seulement... (elle est le seul point de faiblesse, selon moi). Les comédiens, plutôt illustres (j'en fus surpris), jouent entre les clichés et les contre-clichés ; la jolie timide, la grosse chinoise, la prof coincée du cul, la prof intello moderne, le prof de sciences sympa, la psy bienveillante, la maman princesse, la papa largué et gentiment beauf... On sent que le scénariste joue de ces clichés pour mieux les tordre et les trancher au fil du rasoir... Si vous (re)voyez le film, notez le comportement du "père", très souvent à contre-emploi... sauf bien sûr lors de la scène finale, où toutes les pièces reprennent leur rôle "normal". Quant à Jake Gyllenhaal (le personnage principal), il est tour à tour vulnérable, sensible et fragile, et en même temps, terriblement puissant et impénétrable... il rebondit tour à tour dans la peau de la victime à celle du bourreau, sans qu'il n'y est vraiment de distinction entre ces deux états. La brebis aux dents de loup.
Il est difficile de parler de ce film... car le moindre élément serait "spoiler". Mais bref... j'ai adoré. Je le mets dans mon "top ten". ^_^
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