Spécialiste des portraits intimistes et tendres d'une Amérique en constante introspection, Alexander Payne, avec "Downsizing", réalise un projet qui lui tenait à coeur depuis presque une décennie. Le postulat de départ, beaucoup plus ambitieux que ce à quoi nous avait habitué sa filmographie, voit Matt Damon rétrécir en quête d'une existence meilleure et plus confortable.
Résumé les thématiques de "Downsizing" mériterait plusieurs paragraphes. Réponse scientifique aux problèmes écologiques, poursuite perpétuelle d'un certain rêve américain qui ne cesse de se renouveler ou encore capacité de l'être humain à reproduire constamment les erreurs du passé, le nouveau film de Payne est une fable d'anticipation fournie qui ne prend pas le temps de s'attarder sur chacun de ses sujets pour mieux se concentrer sur Paul, son personnage principal.
Interprété par Matt Damon dont c'est ici, sans doute, l'un des meilleurs rôles, Paul est l'archétype de l'américain moyen aux grandes aspirations et c'est là que le film rejoint les précédents du metteur en scène, comme un espèce de conclusion à cette longue quête initiatique en plusieurs volets. En nous montrant différentes sociétés n'ayant véritablement pour vecteur commun que l'égocentrisme et la recherche du confort matériel, "Downsizing" nous rappelle à nos devoirs les plus sains en suivant les différentes rencontres que fait Paul. On pourrait reprocher au film de ne pas aller plus loin dans la chronique sociale ou de ne pas réellement prendre parti lorsqu'il s'agit de confronter différentes parties de la société qui ne sont pas logées à la même enseigne mais ce serait perdre de vue que le film se concentre sur un homme perdu au milieu de dynamiques qui le dépasse. Et même si le cinéma de genre ne semble pas être la tasse de thé du metteur en scène de "The Descendants", on s'amuse tout de même devant un défilé d'idées visuelle privilégiant la sobriété et les couleurs douces au sensationnalisme graphique trop souvent inhérent à ce genre d'oeuvres.