Comment endiguer le problème de la surpopulation mondiale et de toutes ses conséquences néfastes ? En se faisant miniaturiser, pardi ! De la taille d'un Playmobil, vous ne rejeterez plus qu'une masse très minime de déchets, bénéficierez d'avantages économiques insoupçonnés (ben oui, tout coûte moins cher proportionnellement) et aurez en vue la promesse d'une vraie vie de rêve dans des structures immobilières que vous n'auriez même pas imaginé posséder dans votre existence de "géant".
La découverte de cette invention norvégienne miraculeuse est au coeur de l'excellente première heure du film d'Alexander Payne. En le plaçant tour à tour dans les yeux des scientifiques puis du personnage de Matt Damon tous fascinés par ce processus de miniaturisation, le spectateur éprouve lui aussi l'impact que pourrait avoir une telle invention dans notre monde. Du premier regard enfantin et ébloui par ces êtres minuscules devenus la solution ultime aux maux de notre planète (les effets spéciaux sont très réussis en ce sens) aux conséquences sociétales d'une telle idée (les miniaturisés ont-ils toujours le même statut que les "normaux" du fait qu'ils dérèglent le système en place par leur contribution désormais bien moindre ?), cette première partie explore tous les recoins de cette idée loufoque par un prisme on ne peut plus réaliste. À vrai dire, au vu de tous les avantages énoncés (la présentation orchestrée par Neil Patrick Harris et Laura Dern envoie vraiment du rêve), on en vient même sérieusement à espérer que cette solution de rétrécissement pointe vite le bout de son nez dans la réalité, on ne peut en effet que comprendre le choix du couple incarné par Matt Damon et Kristen Wiig d'y adhérer et le passage des formalités d'usage jusqu'à la fameuse opération sera un véritable régal à suivre...


Mais arrive un twist qui va complètement changer la donne et envoyer le film dans une direction aussi désarçonnante qu'inattendue. L'univers miniaturisé ne sera finalement que très vite survolé (ses excès nous seront dévoilés par l'intermédiaire d'un très amusant Christopher Waltz) pour privilégier les débuts d'une histoire d'amour naissante dans un contexte à la défaveur de l'humanité qui, finalement, est toujours amenée à répéter les mêmes inégalités sociales. En fait, avec cette bifurcation étonnante, on réalisera que le film est avant tout concentré sur le personnage de Matt Damon et son évolution dans le cadre de la miniaturisation et non l'inverse. En acceptant cet état de fait qui laissera néanmoins pas mal de spectateurs sur le carreau, cette deuxième partie plus sentimentale se révélera tout de même aussi agréable qu'attachante grâce au caractère bien trempé de la nouvelle venue Ngoc Lan Tran (Hong Chau, absolument géniale !!) emplie d'une humanité qui semble avoir rétréci chez les autres personnages en même temps que leur taille.


Mais la troisième phase de "Downsizing" va encore partir sur une nouvelle piste pour ouvrir une fois de plus les yeux de son héros sur sa place dans le monde en le confrontant à une utopie parfaite dans une utopie déviante, elle-même située dans un monde en perdition (oui, ça fait beaucoup). Et le résultat va se révéler très décevant voire même inintéressant par le sentiment que donne ce personnage de faire du surplace, allant invariablement à l'encontre de tous les avis raisonnés de son entourage pour mieux se rendre compte de ses propres erreurs. Cette dernière partie donnera l'impression d'une boucle inutile autour de ce héros sous couvert d'une évolution que l'on nous présente pourtant comme indispensable. Pas si sûr...


"Downsizing" est donc un drôle de film, bien trop bancal, démarrant sur les chapeaux de roue pour s'achever dans l'anecdotique. En fait, on assiste tout simplement à un potentiel géant cinématographique en train de passer par un processus de miniaturisation pour toucher à l'insignifiant. On n'était pas vraiment venu là pour ça, on en espérait même beaucoup plus...

RedArrow
6
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le 10 janv. 2018

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RedArrow

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