Un film qu'on avait envie d'aimer et dont on a adoré le début, mais qui ne tient pas complètement ses promesses - la faute à un déroulé tout de même mollasson et sans direction claire, au premier abord.
Une fois Matt Damon arrivé dans le village des Schtroumpfs - fausse cité idéale - on ne comprend pas bien où le film souhaite aller. Beaucoup de sondes sont lancées - la trahison, la question de l'équilibre économique, le progrès utilisé comme moyen de coercition, la réplique de la société inégalitaire, la parabole sur les "ghettos de riches" qui fleurissent aux Etats-Unis, les discriminations, un regard désabusé et assoupi sur le rêve américain, la solitude qu'on traine dans ses valises même si l'herbe parait plus verte ailleurs...
Matt Damon au passage très bon dans le rôle d'une méduse influençable qui se laisse guider par les événements - et je le dis sans ton sarcastique. Il est parfait en M. Tout-le-monde, qui rate un peu sa vie, qui va où le vent l'emportera-tout-disparaitra. Le ton Houellebecquien du film est par moment assez saisissant.
Beaucoup de sondes lancées donc, mais peu de matières collectées. L'auteur fait parfois penser à un surdoué feignant hyperactif, qui découvre un nouveau sujet, l'apprivoise suffisamment vite pour atteindre un niveau acceptable, puis s'en désintéresse avant de parvenir à l'excellence. On ne va à fond dans rien, on part dans une histoire pas inintéressante mais complètement éthérée et la colonne vertébrale du film devient fort fragile.
Puis arrive la dernière séquence du film, qui relève le plat manquant d'épices. La dérive sectaire d'un couple scandinave apocalyptique renvoie à qui vous savez, mais l'ironie reste très douce. Devant le chaos climatique et l'extinction massive qui vient, qui a déjà commencé, l'auteur renvoie chacun à ses responsabilités et à ses choix.
Foutus pour foutus, à la décroissance et au bunker survivaliste, l'auteur préfère l'aide altruiste à son voisin de quartier dans le besoin. Un film paradoxal donc, à la fois profondément pessimiste et empreint d'une grande humanité.
Déception sur le coup, puis appréciation revue à la hausse une fois qu'on l'a digéré.