Le monde n'a pas toujours besoin d'un héros. Il a parfois besoin d'un monstre.

Dracula Untold... L'image du film ne me transcendait pas outre-mesure. Un mec avec une cape rouge de laquelle semble émaner des chauve-souris. Ouais. Premières images du film : Oh non, non, non je n'aime pas l'acteur, il n'a pas le charisme que je m'imaginais du comte Dracula, le film ne sera pas terrible. Dracula est censé être très pâle non? Que fait cet ersatz d'Antonio Banderas dans le rôle de Dracula? Puis, puis, puis... il se passe quelque chose, mais quoi?

De charmants décors qui parlent d'une époque révolue, une Transylvanie profonde et mystérieuse, ombrée par de somptueuses boiseries et par les fantastiques paysages sombres et mystiques de l'endroit ;
Très vite, le héros ersatz d'Antonio Banderas prend toute sa crédibilité :
pas trop torturé, mi-héros mi-empaleur (un homme quoi, affublé de pulsions et de la soif de sang attribuée à la guerre) mais particulièrement bienveillant (le Prince veut sauver son peuple, entendons-nous et ne supporte plus les affres de la guerre même s'il semble plutôt doué pour la faire).
Comment expliquer cela sans paraître nunuche?

Pour la première fois, je retrouve un vrai charisme chez un acteur
(Comme quoi les premières minutes d'un film peuvent être trompeuses) ,
Luke Evans me transporte littéralement dans le film malgré de nombreuses imprécisions et détails pas terribles qu'on oublie vite.
Il fait réellement corps avec son personnage, jusque dans les signes non verbaux et expressions faciales du visages (rien que pour ça, chapeau) et porte plutôt bien la singulière coupe mi-longue de Dracula.
Mis à part Ralph Fiennes ou Anthony Hopkins (pour ma part) , peu d'acteurs me semblent avoir une telle ascendance... Ce Dracula campé par Luke Evans est très charmant, chic avec de la prestance (comme le veut la légende finalement, au même titre qu'Hannibal Lecter pourvu de 2 visages) .
Il est "monstrueusement" séduisant, faisant clairement osciller le bien et le mal dans sa façon d'être contradictoire avec ce qu'il souhaite devenir pour le bien de son peuple (malgré les menaces du "monstre vampire" originel d'où il tirera son pouvoir).
Dracula fait donc ce "pacte avec le diable" en sachant ce qui l'attend, par choix, sans fausse naîveté agaçante. Persuadé de pouvoir se contrôler, on ne cesse de suivre cette progression de la soif au long du film (qui est beaucoup trop court! 1h28 ??!! Mais pourquoi?)

Malheureusement donc, quelques scènes sont bâclées
(je ne peux les citer sans spoiler comme d'hab) et manquent de substance mais pour le reste les deux acteurs principaux jouent bien leur rôle et, je l'avoue, cet amour romanesque partagé par Dracula et sa femme me fait bien plus rêver (de par la distinction et l'élégance qui en découle) qu'une affligeante histoire à la 50 nuances de Grey ou autres merdouilles dont est affublé le monde du cinéma.
Bref, pour les hommes, ne désespérez pas, ce n'est pas cucul-la-praline (sinon le film serait quasi-inutile) mais je maintiens qu'on réussit à cadrer l'amour profond et sincère avec des scènes de bataille plutôt sympa et une psychologie du personnage intéressante.
Bon, ce n'est ni 300, ni Spartacus où le sang gicle en scènes au ralenti, et où les membres de chacun virevoltent dans une symphonie entêtante mais quelques scènes valent le détour que je vous laisse découvrir.

Un petit bémol car on ne voit jamais de loups, que Dracula devrait normalement pouvoir maîtriser.. Mehmed le prince Turc joue bien son rôle, une seule envie nous taraude : l'achever à coup de spatules tout au long du film, lui et ses soldats d'ailleurs. Je suppose que c'est bien l'effet que devait nous produire ces anti gentlemen, effet réussi :)

Bref, ce Dracula là n'est certes pas celui de Bram Stocker mais justement, on change un peu de registre. Ténébreux mais pas torturé, tourmenté et ésotérique, bienveillant mais pieds et poings liés à ses instincts pulsionnels, ce Dracula là me plaît bien et même si par moment on frôle quelques clichés agaçants typiques, on est vite ensorcelés par l'ambiance voilée, feutrée du film, ses décors et l'atmosphère qui en émane... Je suis vraiment une anti-fanatique des Twilight et autres histoires un peu cucul la praline mais celle de Dracula et sa femme en amants maudits mais amoureux me touche, voilà. Et comme il le dit si bien ce fabuleux comte (Oui, bon j'en rajoute un peu) cet amour là est "Le désir ardent d'une âme qui en appelle à une autre". Un Dracula Untold 2 svp? Pour creuser un peu ce que le film a parfois survolé ? :)
Kateriná_Snezan
8

Créée

le 11 févr. 2015

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