"Ouais alors en gros c'est Rocky avec des bagnoles..."

Les fans de sport auto se souviennent sans doute que l'ami Stallone, pendant 3 ans, avait arpenté les paddocks de Formule 1 avec l’idée de faire un film dessus. On est passé à côté de la catastrophe les amis ! Mais il n’a pas pu à cause de… ça alors, Bernie Ecclestone, qui demandait des tarifs exorbitants, Sly s’est donc rabattu sur le CART, avec des droits moins cadenassés, qui entamait son déclin à l’époque en raison de la concurrence de l’IndyCar.


(Spoilers)


On commence donc par une cinématique d’intro avec, comme dans tout le reste du film, un choix musical très discutable « Good Time » par Leroy. On voit le résumé de début de saison : Un petit jeune qui monte fout la pression sur le champion en titre, mais devant cette même pression le jeunot commence à craquer à son tour. Donc ils appellent l’ancien pilote Joe Tanto, joué par Sly, pour remettre le jeune dans le droit chemin. Il va donc reprendre le volant en tentant de nous faire oublier qu'il a quand même 55 piges.


Enfin passons, Mario Andretti (qui fait une brève apparition dans le film) était aussi âgé lors de sa dernière participation aux 24 heures du Mans. Bien sûr, Tanto ne peut pas être un type ordinaire même à son âge, il faut qu’il fasse bander son monde. Alors du coup, il fait un petit show en essais privés où il lance trois pièces sur la route, et avec la roue arrière en faisant une cabriole, il doit harponner les trois pièces. Et son secret c’est « Il fredonne pour se détendre ».


En gros il parvient à voir les pièces à bien 250 km/h (bonne vue à son âge) son patron le laisse faire une cabriole à cette vitesse là alors qu’il n’a pas pris le volant depuis des années, et pour finir les trois pièces sont incrustées dans le pneu, il ne loupe pas son coup. Elles sont balaises les pièces américaines quand même : Elles ne pèsent pas plus de 10 grammes mais le déplacement d’air ne les fait même pas fait bouger. Les Euros ils seraient déjà à des centaines de mètres.


Enfin je ne reviens pas là-dessus, nous voici donc au week-end de course suivant où il retrouve le champion en titre qui lui en veut beaucoup car dans le passé ils ont eu des accros. Il rencontre aussi une jolie journaliste, et on ne se doute même pas qu’elle va finir par baiser avec quelqu’un avant la fin du film. Comme il faut bien boucher les trous entre les courses, il y a des scènes ou Tanto et la greluche fricotent, un peu de tendresse dans ce monde de brutes. Je préfère ne pas vous citer de dialogue, c’est trop violent.


Et la course arrive, l’occasion de découvrir des accidents qui font (oh, à peine) crées par ordinateur. Et là, alors… il va falloir être clair, je vous explique le topo :


Le champion en titre talonne le petit jeune, Jimmy. Le boss fait rentrer son coéquipier Tanto, retarde son arrêt, le fait sortir des stands avec un tour de retard, pour qu’il s’intercale pile poil entre le petit jeune et le champion, pour retarder ce dernier. Précision millimétrique, si ça ce n’est pas du professionnalisme… Plus tard après une course sur ovale où le petit jeune a perdu le contrôle on a un moment dramatique intense, il joue à un jeu vidéo et se plante au même endroit. La symbolique de cette situation prend aux tripes.


Bon, et le petit jeune a aussi des états d’âme, quand il sent que sa petit amie lui échappe, lors d’une soirée de gala, moment surréaliste : Il pique une voiture de course d’exposition, et s’enfuit avec à toute vitesse dans la ville bondée de monde. Résultat, Tanto monte dans la bagnole pour le suivre et s’engage une poursuite dans la ville. Les bagnoles roulent si vite qu’avec le vent qu’elles provoquent, elles cassent les vitres des abribus et soulèvent les jupes des filles. Mais pour rappel, les pièces de monnaies elles, restent bien sur la route.


Comme de bien entendu, la scène où les deux ont des soucis avec la fédération a été coupée au montage ! Quand un professionnel (qui que ce soit d’ailleurs) roule à 300 à l’heure dans une ville avec un mépris total pour sa sécurité et celle des autres, pourquoi aurait-il des ennuis ? Oh et bien entendu, les voitures d’expositions sont prêtes à courir, et on leur met toujours un peu d’essence en plus. Là encore c’est un pilote qui l’a pris, mais des fois que n’importe quel clodo présent soit tenté d’aller faire un tour avec…


Notons également que les mecs qui ont adapté le DVD en France n’y connaissent rien, si vous regardez les chapitres la scène en question est titrée : « En F1 dans la ville ». Mais continuons. Une course sous la pluie, un gros accident et un blessé, ce sont des passages obligés dans les films de sport auto. Ça arrive à la course suivante et, je vous conseille de revoir l’image (en plus c’est sympa, ils la mettent au ralenti pour qu’on ait le temps de le constater) pour vous rendre compte qu’une fois encore, l’accident en lui-même fait faux, mais les raccords foireux entre les vraies voitures et celles générées par ordinateur n'arrangent rien.


En tout cas la voiture passe par-dessus les grillages de protection et arrive dans un lac.
Pas de chance, non content de risquer la noyade, l’essence se répand dans l’eau et ça va cramer, donc les pilotes impliqués dans ce terrible accident sortent de leur voiture et sauvent le pilote avant l’explosion, quelle coïncidence, au tout dernier moment. Bref, tout le monde s’en sort, tout le monde est content, mais dans la salle de cinéma, tout le monde s’en fout. Même si ce truc a quand même fait plus de 300 000 entrées au box-office français, oui madame !


En tout cas nous voici à la dernière course décisive pour le championnat. Qui va gagner ? Le champion en titre sympa mais que personne n’a envie de voir gagner, ou le petit jeune sans lequel Stallone aura passé tout un film à bosser pour des prunes ? Coup de théâtre ! Le patron de Jimmy le vire ! Bon, pas besoin d’être voyant pour savoir que le boss va revenir sur sa décision. Mais malgré tout, sa logique de vouloir un temps le renvoyer à ce stade de la saison m’échappe :


Soyons pragmatiques une seconde : Son pilote l’a déçu et n’est pas à 100% de sa forme, soit. Mais, vu qu’il peut être encore avoir le titre, autant attendre juste 48 heures pour le virer des fois que par hasard il produise une bonne course et/ou que le champion en fasse une mauvaise, non ? Tu auras tout le temps de le virer juste après !


Avant cette dernière course, une musique émouvante nous montre les gentils pilotes de l’Amérique bien sous tout rapport, emmener leurs mômes à l’école, ou réfléchir à leur course. Petite chose sympa, on à l’occasion de voir Juan Pablo Montoya dans ce film, pensif… Que peut-il penser lors de ce tournage à la mi-2000 ? « Ai-je bien fait de signer chez Williams ? » ou encore « Ai-je bien fait d’apparaître dans cette bouse ? ». Ce qui lui ressemblerait le plus cela dit comme préoccupation, c’est si le McDo sera encore ouvert après la course, mais passons.


Zut alors, le jeune et Tanto partent dans les derniers sur la grille et le champion en titre dans les premiers. Bon, la vraie surprise serait : Le petit jeune et Stallone sont OUT dès les premières secondes et le générique arrive une minute après. Mais on n’aura pas cette chance, donc les deux coéquipiers font une course à deux et prennent leurs adversaires en tenaille pour remonter, pour revenir sur le champion. Alors là, première indication sur le gagnant du championnat, si peu probable : Tanto fredonne. Et s’il fredonne, ça veut tout dire…


Donc du coup, il sort un beau couplet à son jeune ami avec qui il est relié par radio « pilote parce que c’est ta vraie passion, blablabla ». En gros pour mieux comprendre, il a copié/collé les phrases des Rocky et remplacé le mot « boxe » par le mot « pilote » et « Appollo Creed » par « Jimmy Bly ». Là, il y a une bataille en piste invraisemblable avec des dépassements forts douteux dans la réalité, mais bon, on est plus à ça près. Et finalement, c’est le petit jeune qui gagne !


Et dire qu’en 2003 j’ai acheté ce DVD, ignorant tout de ce film, et quelles horreurs il contenait. Pourtant, j’ai quand même réussi à fourguer ce DVD d’occasion à un type pour 2 euros ! Je précise pour finir vous ai passé des trucs, comme les faux raccords fréquents entre des plans tirés de différents circuits qui s'enchaînent, parfois de manière assez ahurissante tant c'est du n'importe quoi, et comme je l'ai dit, j'ai préféré garder le silence sur les répliques...


Est-ce une surprise de préciser que ce film a fait un bide ? Loin d’être bénéficiaire, il n’a remporté que la moitié de son budget. A part pour voir quelques vrais pilotes et éventuellement par sympathie pour Sly, il n’y a pas grand-chose à sauver. Mais c’est à voir ne serait-ce que pour rire.

The Reg

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