Le courage c'est savoir que tu pars battu, mais d'agir quand même sans s'arrêter.

Je le sais que ce 10 est un 10 de coeur. Clairement. Le roman m'avait profondément touché, d'une intense humanité, à la fois tendre et d'une terrible dureté devant les faits. Harper Lee avait fait de son roman un véritable conte critique d'une Amérique. Un parcours initiatique d'une petite fille, Scout, qui voit à travers le courage de son père, tout ce que l'Amérique avait de plus détestable, avait de plus raciste. Elle ne le comprend que trop bien, que trop tôt. Mais elle comprend aussi la différence, le courage, le respect, l'humanité, l'injustice.


Mulligan s'attaque alors à un roman vendu à travers le monde entier. Tâche difficile d'adapter cette histoire raconter avec tant de brio par Harper Lee.
Pour se faire, c'est Grégory Peck qui tiendra le rôle d'Atticus. Avocat à Maycomb, avec un passé, inconnu. Homme mystérieux, ses propres enfants l'appellent Atticus d'ailleurs. On ne saura jamais pourquoi. Atticus doit alors défendre un "nègre". Quelle hérésie en terre sudiste ! Ces enfants vont alors subir des attaques, socialement, Maycomb les voit comme "l'ami des négres", par principe, parce que tout le monde sait que Tom Robinson est innocent, tout le monde sait que ce que fait Atticus est bon. Même les plus réticents.


Mulligan ne raconte pas tout, il passe sur beaucoup de chose, notamment la visite des enfants à l'église avec les noirs, il passe aussi sur tout le jeu autour de la maison de Boo Radley. Mais qu'importe, cinématographiquement, c'est le procès qui est vendeur. C'est lui qui va être grandiose. Et il l'est. Tout en simplicité, quasiment une pure retranscription mot à mot du livre. Seul la plaidoirie et quelques phrases sont changées. C'est humain, foutrement réaliste et intimiste. Grégory Peck est habité par ce rôle d'Atticus. Tout cela vu par les yeux de ses enfants. L'admiration qu'il porte à leur père, car il leur a montré ce qu'était le vrai courage. Et "au nom de dieu, croyez-le".


Enfin, du début du procès jusqu'à la scène finale magnifique, le film est d'une tension affolante. Même si on connait le fin mot de l'histoire, c'est haletant. Prenant. Tellement injuste que ça vous prend à la gorge. Mais la scène la plus marquante reste quand même cette sortie du tribunal, tête baissée d'Atticus, vaincu, ovationné silencieusement par la communauté noire qui a trouvé là un homme hors du commun, d'un courage hors-norme alors que la cause était perdue d'avance.


Une leçon de vie, intimiste et humainement implacable. Comme le livre, le film s'attache à montrer l'histoire d'un seul homme, d'un seul petit village. L'histoire d'un homme qui représenterait presque la grande histoire de l'Amérique. Quand le petit explique le grand.
Quand le battu ne s'avoue pas vaincu. Qu'il se lève et défend ses idéaux qu'importe le résultat. Une histoire d'homme vibrante, une histoire de l'Amérique par ceux qu'on ne voit pas.

Halifax

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