Un peu avant la suprématie des films de super-héros en terme de Box-office, c'était les "Teen Movie" (= films d'adolescents) qui se taillaient la part du lion en terme de gros score, à moindre échelle ceci dit.
Ayant connu son heure de gloire dans les années 80 avec notamment les films de John Hughes ("Breakfast Club", "Ferris Bueller's Day Of"), le "Teen Movie" se voit relancé de manière spectaculaire au milieu des années 90, à la fois avec les drames psychologiques de Larry Clark ("Kids", "Another Day in Paradise") et de manière comique et surtout salace, avec la saga "American Pie" dont le gros succès commercial engendrera 3 suites (en ne comptant pas les "direct to DVD") ainsi qu'une multitude de rejetons relativement dispensables ("Road Trip", "Sex Academy", "Superbad").
Sortit de manière assez confidentielle au début des années 2010, "Easy A" (ou "Easy Girl", c'est selon), présente tous les atouts du "film d'ados" classique; de par son intrigue (Olive, une jeune fille discrète et cultivée, se voit "accusée" d'avoir perdu sa virginité et se sert de la rumeur pour devenir populaire, se faisant ainsi passer pour la "garce" de son lycée), ses thématiques très "jeuns" (la question de la sexualité, des premiers émois amoureux, de l'image de soi que l'on donne aux autres).
Présenté comme ça, ce film peut se voir comme une énième déclinaison d'"American Pie". Or, il n'en est rien. Contrairement à ses "confrères", "Easy A" a le mérite de ne pas se vautrer dans la grossièreté et l'humour en-dessous de la ceinture. Osé sans jamais être vulgaire, porté par une belle distribution de seconds rôles (Stanley Tucci, Lisa Kudrow, Thomas Haden Church, Patricia Clarkson), privilégiant le comique de situation et la subtilité aux gags potaches, ce film se révèle, en définitive, plus proche des comédies de John Hugues que d'"American Pie", et c'est tant mieux.
Ceci dit, le film doit beaucoup de son charme et de sa réussite à la craquante et talentueuse Emma Stone, absolument parfaite en lycéenne plutôt discrète et intello qui voit soudainement son image changer auprès des mecs de son lycée. Alors qu'elle n'en était encore qu'à ses touts débuts, la belle Emma démontre déjà toute l'étendue de son potentiel comique (à coups de répliques cinglantes et de moues très expressives) et de son jeu d'actrice, partagée entre naturel, sens de l'auto-dérision et expressions faciales multiples et sonnant le plus souvent assez juste.
Si la réalisation en soi n'a rien d'extraordinaire (ce n'est pas le but non plus), "Easy A", de par le fait qu'il se démarque clairement des autres films du genre, et porté par le charme, le charisme et le talent de son interprète principale, se révèle une bonne petite comédie sympathique, à regarder de manière bienvenue en cette période de confinement.