J'entends dire que c'est un conte sur la différence et l'intolérance dont on peut faire preuve à l'encontre de cette dernière. Malheureusement, l'histoire me paraît clairement démentir cette interprétation. Edward fait sensation dans le quartier malgré son apparence inquiétante et sa maladresse tranchante. Les malheurs de la créature et de sa famille d'accueil ne résultent que de travers humains individuels et de hasards :
- La blessure narcissique d'une cougar en manque n'aura que peu de conséquences ;
- La manipulation d'Edward par un groupe d'adolescents à des fins personnelles ne résistera pas à l'épreuve de la justice, qui, bienveillante, comprendra la situation mentale d'Edward et le laissera libre ;
- La jalousie d'un jeune homme violent et possessif, qui termine en drame uniquement à cause de mauvais choix de la part des protagonistes (et notamment de l'amoureuse qui conseille à Edward de fuir au lieu de jouer son rôle de témoin).


C'est étrange car la peinture, caricaturale s'il en est, des petits voisinages de la classe moyenne américaine semble dénoncer le conformisme, l'hypocrisie et la course au statut social qui gangrènent la communauté sous des dehors lisses, géométriques, souriants et pastel. Pourtant, aucun des incidents décrits ci-dessus n'a pour point de départ un rejet de la différence, au contraire, ils partent tous d'une impression positive envers Edward (dans l'ordre il est sexy, pratique et sensible). Il n'y a guère que le commérage qui est clairement en cause dans ses aventures, et encore, il part d'un chantage au viol qui est le vrai problème (qu'on ne vienne pas me dire que les voisines auraient dû remettre en cause la parole d'une victime de violence sexuelle, n'est-ce pas ?).


Alors il doit y avoir un niveau d'interprétation que je n'ai pas saisi, ou bien il n'y a pas de morale mais vu le format, j'en doute un peu. Dernière option, c'est bien un film sur la différence et alors je trouve le scénario raté. Perso j'y ai spontanément vu une métaphore d'un handicap mental tel que l'autisme.


Sinon j'ai adoré le personnage du mari, qui n'en a rien à fiche de rien, c'est fantastique.

pHneutre
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le 5 déc. 2017

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pHneutre

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