La p'tite critique - Edward aux mains d'argent (1990)

Edward aux mains d'argent est un film phare de Tim Burton. Pour son 4ème long-métrage, le réalisateur signe l'une de ses œuvres les plus personnelles.


Exposée sous forme de conte à partir de la simple question "Pourquoi il neige?" d'une petite fille à sa grand-mère, cette fable pour personne de tout âge raconte comment, créé de toute pièce par un inventeur mort avant de le terminer, Edward vit seul dans un grand château, à côté d'une banlieue chique, avec des ciseaux à la place des mains.


En voyant se film, il est impossible de ne pas penser à plusieurs références dans lesquelles le réalisateur a pu puiser ses idées. Notamment au chef d'oeuvre de James Whale, Frankenstein (1931). De l'idée de la créature jusqu'à la froideur du château en passant par la cruauté des habitants de la ville, l'inspiration est grande. Cependant, Burton ne copie pas son prédécesseur, il crée une oeuvre à part entière en y ajoutant une personnalité qui donne un aspect qu'aucun de ses précédents films n'a réussi à égaler.


Cette personnalité se dégage autant par la pureté du personnage principal que par la critique le la société (ici la banlieue) qui montre une part du vécu du réalisateur qu'il voulait souligner. Le traitement de l'image est également très particulier, certains codes sont changés. Par exemple, la noirceur qui correspond habituellement, dans les films populaires, au mal, montre, ici, l'univers gothique d'Edward avec une beauté étrange. Alors que la couleur est brillamment utilisée pour pointer du doigt des maisons de quartier qui se ressemblent toutes avec leurs habitants sans cesse à la recherche de ragot pour combler leur vide existence.


Edward aux mains d'argent est, comme plusieurs autres films, un chef d'oeuvre qui a été découvert avec le temps. Malgré de très bonnes critiques, il est passé presque inaperçu lors de sa sortie en salle (618 261 entrées en France) alors qu'aujourd'hui il fait parti des incontournables de l'histoire du cinéma. Soufrant sans doute du succès du précédent du réalisateur, Batman (1989), classé comme blockbuster, Edward, ne prenant aucun acteur connu dans son casting (Johnny Depp n'étant, à l'époque, qu'une star pour ados) et faisant partie de la catégorie de films d'art et d'essai, passe alors inaperçu pour n'être redécouvert que plus tard.


Tim Burton, ici encore au début de sa carrière, signe l'un de ses plus beaux films et prouve qu'il fait parti des plus grands réalisateurs de sa génération. Il prouvera très vite avec Ed Wood (1994), Big Fish (2003) ou encore Sweeney Todd (2008) qu'il est capable de grandes choses.

Créée

le 19 sept. 2015

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Johan Garin

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