El Camino - Un film Breaking Bad
6.4
El Camino - Un film Breaking Bad

Film VOD (vidéo à la demande) de Vince Gilligan (2019)

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Donner une suite à cette très grande série télé qu’était Breaking Bad, avec un film de deux heures mis en scène par son créateur lui-même, financée par le géant Netflix, avait de quoi raviver les fantasmes de fans sous addiction. Alimentés par un secret longuement entretenu et l’arrivée d’une bande-annonce en trompe-l’œil, El Camino : le film Breaking Bad déboule donc sur les plus ou moins petits écrans de ses près 150 millions d’abonnés à travers le monde.


En habile scénariste qu’il fût en rédigeant cette grande saga en forme d’ascension et de chute, narrant l’odyssée de personnages singuliers dans un univers de l’outrance et de la démesure, Vince Gilligan réussit au moins l'essentiel avec ce petit téléfilm sans ambitions autre que de venir faire un petit adieu en forme de clin d’œil cinématographique à un public orphelin de cette grande dramaturgie qui sera parvenue à mettre à peu près tout le monde d’accord. Car c’est de cette notion de clin d’œil qu’il est totalement question dans El Camino. Rien d’autre.


Une espèce de bonus sans autre motivation que de venir montrer que l’intérêt de tout grand édifice réside dans sa capacité à être figée dans la conscience collective et de perdurer dans le temps. Et tout dans ce petit téléfilm est lié à l’aura rayonnante de son œuvre matrice. D’ailleurs, l’auteur en est tellement convaincu, qu’il fait fréquemment appel à la résonance de son impact par l’utilisation de flashbacks qu’on pourrait aisément considérer comme des facilités, mais qui ne sont que des pirouettes de petite œuvre sans envergure et surtout sans ambition autre que de venir faire un petit clin d’œil à un certain public qui aura capté que tout l’intérêt de Breaking Bad se situait non pas dans son script, certes de grande qualité, mais à son invitation à revisiter les grands mythes cinématographiques.


Alors El Camino, le chemin ? Sans doute, une dernière ligne droite qui conduit son dernier personnage, encore debout et à bord de sa Camino, sur la voie de l’échappatoire, la rédemption ayant déjà eu lieu dans la souffrance pour ce personnage de Jesse Pinkman, qui aura été le grand sacrifié de la série, tant il aura été celui sur qui toutes les abominations seront arrivées. De martyre il passe à l’état de héros westernien, d’ailleurs les clins d’œil ne manquent pas. Cette façon de filmer les grands espaces, les dialogues échevelés marchant à l’économie, les figures patibulaires, et cette madeleine ultime résidant dans un duel…


Alors il cite Sergio Léone, Sam Peckinpah et les frères Coen, encore une fois, comme ça, modestement finalement, sans balancer à un public avide de sensations fortes en cette ère de Netflixerie, ce qu’il est venu fantasmer. Et c’est tant mieux.


Sans être révolutionnaire et sans même être une suite induite par l’idée que la grandeur et tous ses artifices résident dans la continuité, - tout à tellement était dit dans Breaking Bad et son final si parfait, ce qui est très rarement le cas dans l’histoire de la série télé, et même dans les plus grandes – El Camino est une petite pochade de qualité, sans ambition démesurée, de la part d’un réalisateur très habile, qui fait honneur à sa grande œuvre sans chercher à en rouvrir son champ des possibles.
Une série B habile dans toute sa singularité.

Créée

le 12 oct. 2019

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