EL CLAN (14,7) (Pablo Trapero, ARG, 2016, 109min)
Un drame familial dérangeant racontant l'histoire de la famille Pucio, au début des années 80 en Argentine (marquée par la fin de la dictature) dirigée par un patriarche ancien membre des services de renseignement qui va planifier et organiser des kidnappings. Pablo Trapero trois ans après l'excellent "Elefante Blanco" revient ausculter son pays par le prisme de ce fait divers réel, entre images d'archives inédites, reconstitution d'une Argentine en pleine mutation, articule son récit autour d'une relation perverse père-fils dont le poids du premier s'avère terrifiant. Le réalisateur nous livre comme souvent une mise en scène brillante en utilisant très régulièrement des plans séquences efficaces, des cadres précis (pour scène du quotidien) et des mouvements virevoltants caméra à l'épaule (lors des kidnappings). Malgré un début de récit un peu confus, une œuvre bien maîtrisée parfois redondante, au montage très découpé notamment lors d'un montage alterné (torture et sexe mêlés par l'image et les cris). Une fiction tendue, accompagnée d'une bande sonore malheureusement parfois trop présente et qui n'a pas peur de révéler l'issue de l'histoire dès le début du film. Le réalisateur nous enlève le suspense mais nous plonge dans cette mise en abyme flamboyante du despotisme avec beaucoup de talent. Les interprétations sont irréprochables et les nuances de caractères de tous les membres de la famille bien développés. Venez vous frotter et découvrir ce que cache "El Clan". Une indéniable réussite. Sombre, déroutant, tendu et glacial.