EL PRESIDENTE (13,4) (Santiago Mitre, ARG, 2017, 115min) :


Cet intrigant thriller politique et psychologique narre le destin du président argentin Herman Blanco lors d'un sommet entre chefs d'états sud-américain (pour constituer une alliance pétrolière), qui va vaciller lorsqu'une une affaire de corruption dans laquelle sa fille est mêlée va venir poser problème à l'homme normal, credo de sa campagne présidentielle. Le cinéaste Santiago Mitre nous offre une fable politique retorse et complexe sur les enjeux de pouvoirs avec une élégante mise en scène, où le luxueux complexe hôtelier devient une Olympe au milieu de la sublime Cordillère des Andes enneigée. Débutant de manière réaliste dans les coulisses du sommet, à travers un pertinent récit immersif dans les rouages des négociations lors du sommet, la mise en scène inspirée emprunte avec maîtrise les codes du genre thriller psychologique pour lorgner ensuite vers le fantastique (séance magistrale d'hypnose, rendez-vous téléphérique claustrophobe), où la vie intime va plomber le sommet du président et alourdir un peu le film par ses méandres sinueux, comme les routes empruntées par les voitures diplomatiques pour rejoindre le sommet. En voulant entremêler et livrer une narration multigenres, le réalisateur à défaut de nous donner des sueurs froides, nous donne le vertige et nous perd dans ce paysage mental confus. Dommage car l'ambiance entre faux-semblant et apparences du président et les tractations entre conseillers occultes, ministres tirant la couverture vers soi, peur de l'oncle Sam avec l'arrivée du conseiller américain ainsi que les décisions prises à la dernière minute sont bien rendus en suscitant une véritable tension. Ce long métrage hybride prometteur échoue aussi un peu par sa conclusion trop abrupte, mais trouve un atout majeur dans l'incarnation de l'impénétrable président Herman Blanco par le charismatique et magnétique Ricardo Darin à la justesse de jeu absolument impeccable. Venez explorer en immersion les ressorts de la politique à travers cet ambigu portrait El Presidente. Efficace. Inégal. Manipulateur.

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le 5 janv. 2018

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