Froid et clinique comme du Melville, avec des déclenchements de violence très scorsésiens, et une épure proche de l’abstraction lorgnant vers le western, ce polar précis de Jonnie To est très ancré dans les traditions asiatiques, chinoises pour être plus précis.
La jungle urbaine est assez semblable à New-York (encore une référence à Scorsese), mais dès que l’on s’en éloigne, cela est très exotique pour nos yeux d’occidentaux.
Malgré tout, l’histoire est assez universelle avec cette volonté de prendre le pouvoir lors de l’élection d’un nouveau chef des triades. Limite shakespearien. Comme chez Melville, on ne cherche pas plus que ça à s’approprier les personnages, mais on observe les faits et gestes à la loupe, et cela nous en apprend beaucoup sur eux. Le sceptre, qui symbolise cette main-mise sur les groupes mafieux, va se balader durant la première heure pour arriver à destination à la suite de retournement de situation et au gré d’alliances variables.
L’humour apparaît de-ci de-là, souvent ironique, et désamorce une tension sous-jacente qui ne cherche qu’à éclater.
Un polar très au-dessus de la moyenne, porté par des acteurs parfaits.