Quelle étrangeté que ce « Elle l’adore », film hybride et singulier qui tangue constamment entre thriller et comédie, sans jamais vraiment vouloir choisir son camp, mais sans pour autant perdre le fil de l’intrigue. L’exercice est périlleux, mais réussi et diablement efficace. On est tout autant entrainé par un scénario habile et ses faux semblants que séduit pas l’humour subtil qui le parcourt. Elle l’adore est une bizarrerie parce que basé sur un postulat improbable, mais que la performance de Sandrine Kiberlain et une écriture très sûre rendent parfaitement crédible. Le film « de fan » est une gageure, il est très difficile de ne pas tomber dans l’hystérie ou l’excès. Avec ce personnage de groupie mythomane, l’actrice apporte tout son sens de la réplique et son intelligence de jeu pour donner un peu de légèreté à une intrigue qui aurait pu être tout à fait pesante. Son interrogatoire est à ce titre un modèle de précision, de justesse et de drôlerie, fantasque mais sans cynisme. Si 9 mois ferme l’avait déjà consacrée comme l’une des plus réjouissantes actrices de comédie en France, Elle l’adore la couronne reine du genre. C’est d’autant plus vrai dans ce dernier film que tous les ressorts comiques reposent sur elle, en contrepoids du sérieux des autres personnages (tous parfaitement interprétés, avec une mention spéciale pour le couple de flic Pascal Demolon/Olivia Côte).
Prenant, amusant, innovant, Elle l’adore choisit de ne pas choisir entre comédie à suspense ou thriller comique et parvient un peu par miracle à trouver un équilibre étonnant. Pas impossible que ce miracle s’appelle Sandrine Kiberlain d’ailleurs…
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