Quand deux hommes de pouvoir se rencontrent... D'un côté la Rock Star ultime, de l'autre le Président des Etats-Unis. Avec un tel casting, pas besoin d'une intrigue beaucoup plus étoffée pour obtenir un film tout à fait distrayant. Car c'est bien autour de ce fameux rendez-vous à la Maison-Blanche (qui a réellement eu lieu en 1971) que tout tourne : sa préparation puis son déroulement, jusque dans les moindres détails. On découvre comment Elvis, pas encore ravagé par les excès, met en oeuvre son idée loufoque de devenir agent du FBI. De Graceland au Bureau Ovale, le petit gars de Memphis veut aller au bout de son rêve américain. Personne ne le prend au sérieux, mais il finit par convaincre Nixon, pas encore flingué par le Watergate, de l'aider à sauver la jeunesse de la drogue et de la vermine communiste. Au terme d'une conversation totalement surréaliste, on comprend à quel point cette alliance politico-médiatique n'est qu'une vaste blague, un numéro de claquettes juste pour épater la galerie. Let's entertain !
Rien de bien sérieux donc, mais la plaisanterie passe quand même. Parce que c'est Elvis, à qui on ne peut rien refuser. Derrière l'écran, on se délecte de ses apparitions publiques, où les yeux s'écarquillent à son passage, où les femmes frôlent l'hystérie en approchant l'idole. Lui s'en amuse, tout en regrettant de ne pas être Monsieur Tout-le-Monde. Michael Shannon incarne le King avec beaucoup de mérite et parvient à humaniser un tant soit peu ce monstre sacré de la pop culture. Et ce, malgré une apparence physique à mi-chemin entre Marc Lavoine et Michael Jackson. Les joies du maquillage.
Richard Nixon est quant à lui interprété par le très charismatique Kevin Spacey, dont on ne peut éviter la comparaison avec le rôle de Frank Underwood qu'il tient dans la série House of Cards. Sous les traits du président républicain (l'autre est démocrate), on le découvre ici plus malléable. D'abord réticent à la requête de Presley, il se laisse convaincre par ses conseillers puis par le patriotisme à deux balles (de pistolet) que dégaine son prestigieux invité. Tout ça pour une photo dédicacée promise à sa fifille...
En moins d'une heure et demie, nous voilà replongés dans l'Amérique des Seventies, à travers deux symboles puissants qui ne vont pas tarder à tomber de leur piédestal. Une rencontre plus anecdotique qu'historique, au final, mais qui donne lieu à une jolie passe d'armes (au propre comme au figuré) entre deux intouchables du système. Donald Trump rêve déjà d'un remake l'an prochain avec Fifty Cent. Ah, elle est belle l'Amérique !

Libaber
6
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le 3 août 2016

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Libaber

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