Ce film est captivant de débilité. Apparemment l’adaptation d’une web série en long métrage. C’est plutôt vulgaire, trash, complètement décomplexé en somme. Ça raconte l’histoire de Cokeman et Hedi, deux petites frappes qui dealent. De fil en aiguilles, entre coup fourrés et petites entreprises, ils vont se faire une place dans le business, sorte de comédie trash, film de stoner et rise and fall complètement allumé. Déjanté, les 1h40 de film passent à vive allure, ridant sur une vague de connerie assez saisissante venant même jusqu’à briser le quatrième mur pour strictement aucune raison mais juste pour le délire.
On va pas se mentir, c’est débile, c’est vilain, la réalisation a le mérite de s’inscrire parfaitement dans cette forme de vulgarité en offrant des plans et cadres souvent indigents mais surtout très hallucinés faisant jouir un certain climat de malaise octroyé notamment par l’utilisation excessive de courte focale et grand angle pour nous rapprocher excessivement au plus près des corps. Ça crie, ça suinte, c’est ridicule, c’est con, mais c’est tellement extrême qu’une fois la pilule ingurgitée, le spectacle régressif devient incroyablement jouissif.
Une connerie qui ne fonctionnerait pas sans sa mascotte, sans le principal atout du film, son moteur, sa pile électrique, l’électrochoc Cokeman. Personnage complètement barré, vulgaire, nerveux, devenant rapidement intimidant tant il est borderline, incontrôlable et imprévisible. Un profil complexe, totalement fou et déjanté, particulièrement lunatique. Une entité quasiment monstrueuse complètement libre et très ouverte, qui témoigne d’une complexité et d’une richesse affolante. Bisexuel assumé et décomplexé, toujours assoiffé et agressif, chien enragé au style vestimentaire marquant, le phénomène Cokeman est juste inoubliable d’excentricité. Surhumain, il est parfaitement incarné par Nassim Si Ahmed qui témoigne d’un débit de parole et d’une assurance bluffante, ahurissante, exorbitante, au faciès d’une plasticité qui renvoie étrangement à Jim Carrey.
Flopée de guests savoureux passeront faire un coucou et l’ironie cachée derrière le film entre le réalisateur et le passif de ses géniteurs et vraiment amusant. Le film est un gros trip ultra crasseux mais toujours généreux dans sa connerie qui pourra faire rire à condition d’accepter cet humour extrêmement vulgaire. Aussi, si Cokeman marque au fer rouge le métrage de sa présence, beaucoup d’autres personnages principaux et secondaires assez caricaturaux illuminent aussi de part leur présence. On sentira seulement une profonde déception de voir des personnages insupportables s’en sortir sans aucune égratignure tandis que certains, beaucoup plus touchants, se voient se faire tuer de manière très expéditives par un scénario bête et méchant, intimement mesquin.
Un divertissement ultra généreux dans sa stupidité. Complètement irrésistible dans son grand n’importe quoi.
Film : 6
Feeling : ❤️❤️❤️