Enemy
6.7
Enemy

Film de Wolfgang Petersen (1985)

Quand Dennis Quaid l’humain devenait pote avec cet alien de Louis Gossett Jr.

Quand Wolfgang Petersen, réalisateur de L’histoire sans fin, explore le thème de la peur de l'autre et le transpose dans l'univers de la science fiction, ça donne Enemy, sorte de Robinson Crusoé dans l’espace où un homme et un alien, tous deux rivaux, tentent de s’entendre et survivre en attendant d’êtres secouru. Philosophique et psychologique, ce film de science fiction vous emmène là où jamais vous n’étiez allé…


Le cousin lointain de District 9



A la fin du 21ième siècle, toutes les nations de la Terre étaient
enfin en paix. Elles travaillaient ensemble pour explorer et coloniser
les planètes lointaines de l'espace. Malheureusement, nous n'étions
pas seul ....



Comment ai-je pu manquer une pépite pareille? « Enemy Mine » ou « Enemy » sous son titre français. Après « L'histoire sans fin », soit l’un des plus grands films du genre Heroic Fantasy, Wolfgang Petersen s’attaquait à un Space Opéra différent du format auquel les amateurs s’étaient habitués. Les premières minutes m'ont déstabilisé, m'attendant à voir un Space Opéra classique. Au fil de l’histoire j’ai compris le souhait de Petersen. Il ne veut pas vous offrir quelque chose que vous avez déjà vu, il veut vous proposer quelque chose de nouveau. Naruto/Sasuke, Sangoku /Vegeta, Rocky Balboa/Apollo Creed, Captain América/Iron Man, tous étaient au départ rivaux pour finir par devenir des amis proches. Ca marche aussi entre humain et alien.


Quoi de mieux que de coincer deux rivaux sur une planète inhabitée pour leur apprendre à se découvrir ? Si possible une planète dont le climat est plutôt hostile entre pluies de météorites et bestioles peu sympathiques (mention à cette grosse bêbête sous terre, digne héritière du grand Sarlacc de Star Wars). Petersen ne livre pas un Space Opéra d'anthologie, il livre une fable humaniste d’anthologie, prônant tolérance et respect, balayant les préjugés raciaux, le tout sans jamais une seule fois verser dans la niaiserie et l’excès. Magnifiquement construite et amenée, la relation entre Davidge et Jerry, leur découverte l’un de l’autre, l’échange de leur culture, leur compréhension et entente mutuelle s’avère être l’atout maitre de notre œuvre d’une émotion puissante où il se passera quelque chose d’inattendu au fil de l’aventure.


Du pur génie de proposer de donner un langage inconnu au Drac sans le sous-titrer au départ. Tout ça nous permet de nous placer du coté de Davidge, se retrouver dans sa position, à la fois envahi de haine profonde et d'incompréhension. Soyez assuré que par la suite, les deux ennemis aveuglés par la haine apprendront la langue de l’autre, brisant enfin le mur de la méfiance. C’est flagrant, les dialogues d’Enemy dégagent justesse et sagesse, amenant à redéfinir sur notre rapport à l’inconnu que l’on croit connaitre. L'histoire se passe certes dans un futur lointain dans l'espace, le message, il est universel et toujours d'actualité. Jerry a droit à un travail très détaillé, que soit sur la culture de son peuple ou leur religion. Finalement, nous nous rendrons compte que nous ne sommes pas si différents des Dracs. Ils ont le sens de l’humour, ils ont leur propre bible : Le Talman, et leur dieu : Shizumaat. Et si les dieux des deux peuples délivraient le même message de paix et de bienveillance à l’égard d’autrui ?


Sous toutes ses jolies scènes contemplatives et philosophiques, cachent la volonté de constamment renouveler l’ambiance en plus d’aborder de façon intelligente les questions de la folie de la guerre et des préjugés. Vous ne naviguerez pas toujours dans un univers de Space Opéra classique. Enemy propose tour à tour de jongler entre Science fiction pure, huis-clos, drame, pour finir par tendre vers du post-apo à la Mad Max/Los Angeles 2013 version soft. Un curieux mélange où le cinéphile sentira sa culture cinématographique jouer sur ses souvenirs, retrouvant des éléments de "Seul au monde", "La planète des singes", « Star Trek » et "Junior". Pourquoi « Junior »? Vous comprendrez en regardant le film!


Pour finir, visuellement, Enemy ça sent bon la science fiction des eighties. Les effets spéciaux ont peut être pris un méchant coup de vieux, la photographie et son effet peinturluré, les plans symboliques rappelant pour certains « L’histoire sans fin », l’imagination du design des vêtements, de la technologie alien/humaine et le maquillage effectué donnent une beauté étonnante à ce long métrage. Grand fan chérissant « L’histoire sans fin », j’ai éprouvé ici des sensations similaires. Pas de doute, si vous êtes nostalgiques de ce film, précipitez vous sur « Enemy ».



Si quelqu’un nous offense, ne cherchons pas à l’offenser en retour.
Mais laissons-le répandre l’amour, pour que l’amour unisse les
ennemis.



Au final, nul besoin de batailles spatiales pour vous faire aimer la SF, ne suffit que de personnages attachants, jolis paysages et dialogues inspirants. De par son coté philosophique si prenant, sa photographie et son univers digne d’un grand Space Opéra, on ne se focalise plus sur les effets spéciaux d’Enemy Mine, on se focalise uniquement sur la narration digne d’un conte, la mise en avant des lieux explorés et le jeu juste de Dennis Quaid et Louis Gossett Jr. dont les origines du personnage et ses expressions si poignantes en font un protagoniste fascinant. Enemy Mine est beau, intelligent et émouvant.

Jay77
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le 14 juin 2019

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