Ernest et Célestine par Hugo Harnois
En animation, les opposés s'attirent (Bee Movie, Ratatouille) pour donner souvent naissance à de très belles histoires faites de tolérance et d'ouverture d'esprit (Zarafa, Ame & Yuki). En reprenant la série de livres créée par Vincent, les trois réalisateurs Renner, Aubier et Patar réussissent à faire d'Ernest et Célestine un film d'animation plein d'inventivité qui plaira aux petits comme aux grands.
Il y a le monde d'en haut, copie conforme de la société humaine remplacée par des ours. Et le monde d'en bas, communauté de souris très bien organisée où les dents sont la principale richesse. Le point commun de ces deux univers ? La peur de l'autre et le système répressif. En effet, les policiers sont partout et sont aussi bêtes qu'omniprésents.
Ernest et Célestine prend véritablement tout son sens dans la deuxième partie du récit, lorsque le duo commence réellement à prendre forme. Car c'est bien l'art qui unit l'ours et la souris. L'un est musicien quand l'autre est dessinatrice. Ces dessins à l'ancienne et ces couleurs aussi simples que puissantes donnent au récit un ton juste, à l'image de ses personnages.
Mais si la narration reste très simple puisque le film vise principalement les enfants, cela n'empêche pas à l'oeuvre d'avoir une double lecture, dotée de symboles réussis. La figure de la justice est montrée comme un monstre qui finira par s'autodétruire à cause de sa bêtise, et de sa confiance inaltérable en ses vieux principes. En outre, une petite critique du capitalisme est également évoquée, où créer un désir chez l'homme doit être nécessaire pour qu'il puisse consommer.
Se battant pour le droit à la différence, Ernest et Célestine fait forcément écho à l'actualité, mais il n'oublie pas pour autant d'où il vient. Il finit sur une très belle mise en abîme sur le dessin, l'essence même de sa composition.
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