S’il y a bien un genre qui ne peut échapper au concept du remake, c’est bien l’horreur. Surtout en ces temps où les films marquants du genre ne font, aujourd’hui, plus aucun effet, laissant la place à de nouveaux titres qui sont bien plus apparentés à du vente qu’à autre chose. Même si un certain James Wan semble avoir redonné de l’efficacité avec Insidious et Conjuring. Il n’empêche, l’horreur est la preuve vivante qu’Hollywood n’a plus le savoir-faire d’antan, allant jusqu’à piocher dans de l’ancienneté et de le dénaturer qui plus est ! Et donc, avec Amityville, La colline a des yeux, Les Griffes de la Nuit, Vendredi 13, Massacre à la Tronçonneuse et d’autres films japonais (Dark Water, The Ring, The Grudge…), c’est au tour du mythique Evil Dead de Sam Raimi de passer à la moulinette.
Et contre toute attente, cet Evil Dead version 2013 est un véritable remake ! Pas celui qui copie au plan près l’original (Freddy – Les Griffes de la Nuit est le parfait exemple pour ce cas). Pas celui qui ne prend que l’univers pour en tirer du n’importe quoi (Vendredi 13). Non, Evil Dead signé de l’Uruguayen Fede Alvarez (dont c’est le premier long-métrage) se rapproche bien plus de La colline a des yeux et de Massacre à la Tronçonneuse. Car le principe même du remake est de moderniser l’original. Et quand on parle de moderniser, on ne dit pas de reprendre des séquences ou des détails propres au tout premier film.
Cet Evil Dead reprend certes le récit du film de Sam Raimi, à savoir un groupe de jeunes gens, isolés dans une cabane elle-même éloignée de toute civilisation dans une forêt. Où ils vont réveiller via un livre une entité maléfique qui va les entredéchirer. Mais cette fois-ci, les protagonistes ne sont pas sur place pour une histoire de vacances ! Mais plutôt pour soutenir l’une d’entre eux, accro à la drogue qui a bien du mal à supporter le décès de sa mère et le retour impromptu de son frère, venu au groupe pour la soutenir. Une trame familiale qui donne de l’ampleur au démon, usant de cela pour attendrir ses victimes. Une excellente idée, qui permet d’approfondir un peu les personnages (un fait plutôt rare pour ce genre de films).
Mais Fede Alvarez ne fait pas que raconter une histoire similaire sur le papier mais différente dans le fond. Il livre sa propre version, aussi bien scénaristique que visuelle. Car, à aucun moment, vous ne retrouverez de scènes à 100% reprises du film de 1981. Si, juste la séquence de viol, mais même là, elle se montre différente que l’originale. Oui, le Livre est toujours dans le film, mais pas l’enregistrement vidéo qui réveille le démon. Vous aurez donc des scènes de mutilations propres à cette version 2013, des personnages différents (alors qu’on aurait très bien pu avoir un nouveau visage pour Ash), un final qui n’a rien à voir…Bref, Fede Alvarez ne s’est pas reposer sur les lauriers du premier film !
Et cela se remarque surtout sur le plan visuel ! Où le réalisateur nous révèle son talent en ce qui concerne la mise en scène. Si vous critiquiez le premier film pour son manque de budget (ce qui faisait son charme : long-métrage réalisé par un gars de 20 ans), reportez vous donc sur ce remake, qui exploite à fond son coût (17 millions de dollars contre 150 000). Notamment dans l’ambiance : Evil Dead est un film d’horreur glauque, poisseux et violent. Et cela, nous le devons à des jeux de lumière somptueux (rien que voir les rayons du jour traverser la cime des arbres donne le ton), aux décors crédibles pour nous faire sentir le moisi, aux scènes gores véritablement dégoutantes et à quelques fantaisies horrifiques bien pensées qui amplifient ce résultat (la pluie de sang). Sans oublier ce sens des effets horrifiques qui fonctionnent, Evil Dead 2013 met dans le mille !
Après, nous devons tout de même subir les nombreux défauts propres au genre de l’horreur. À commencer par les clichés qui pullulent à chaque fois (encore des jeunes qui se retrouvent isolés au milieu de nulle part, des personnages un peu idiots sur les bords, des retournements de situations prévisibles, des répliques qui sonnent faux…). Et puis, beaucoup s’étonneront avec ce final, qui se lance dans le divertissement à grand spectacle. Au moins, les acteurs ne s’en sortent pas trop mal, c’est déjà ça !
Une excellente surprise que cet Evil Dead récent, qui, question remake grandement efficace, se place aux côtés de Massacre à la Tronçonneuse et de La colline a des yeux. Même, il arrive à faire oublier le film original, ce dernier ayant assez mal vieilli, il faut bien l’admettre ! Franchement, si tous les remakes possédaient le même calibre que celui-ci (efficace et soigné), il n’y aurait aucune raison de râler contre le concept de moderniser un film culte ! Et pour les nostalgique, restez après le générique de fin !
