Connoisseur de l'inénarrable trilogie originale et grand amateur du cinéma de Sam Raimi (jusqu'à Dark Man !), témoin involontaire de la mauvaise sitcom Suburgatory dont la chtite Jane Levy est la vedette, et conscient de l'épidémie de remakes foireux frappant Hollywood ces dernières années, je m'engageais à reculons dans ce visionnage. Le filet de sûreté de l'éventuelle catastrophe à venir était la faible durée du film : 1h30, c'est trop court pour donner des envies de suicide. Résultat des courses ? Au bout du compte, votre serviteur n'aurait pas été contre un petit quart d'heure de plus.
Que les choses soient claires, Evil Dead 2013 n'a pas grand chose à voir avec Evil Dead 1981 : pour établir un mur infranchissable entre les deux films, on peut citer pêle-mêle l'absence déterminante de Bruce Campbell, du filmage raimiesque, de la touche d'humour sardonique, et du moindre élément visuellement novateur. En changeant quelques détails du scénario, les gars auraient très bien pu appeler leur film autrement, et par la même occasion s'épargner les foudres d'une horde de fans sentencieux... mais que voulez-vous, l'opération commerciale était trop tentante.
Quand bien même, Evil Dead 2013 est une petite série b d'horreur suffisamment énergique et divertissante pour mériter qu'on l'apprécie indépendamment du film « original ». Attention, vos neurones ne seront pas franchement sollicités pendant le spectacle : le scénario, sommaire, fait parfois preuve d'une paresse assez exaspérante (les survivants continuant de s'isoler à un moment ou à un autre pour un prétexte débile, histoire de bien se faire dégommer, puis au suivant, rappelant le sketch des Dents de la Mouche des Inconnus...). Mais visuellement, c'est assez canon il faut le reconnaître : l'amateur se taira d'admiration face à la mise en scène agressive et oppressante d'Alvarez, à la photographie généreuse d'Aaron Morton (voir la pluie de sang à la fin, entre autre), à l'énorme travail de mixage son, et à l'abondance rafraîchissante d'effets spéciaux mécaniques (par opposition aux CG habituels), décision vraiment salutaire, comme elle l'avait été dans le sympathique préquel de The Thing.
Sous cet angle miséricordieux, les quatre-vingt-dix minutes du film deviennent une montagne-russe d'horreur old school changeant de l'épouvante somnolente à la Insidious ou Sinister, portée par la méchanceté réjouissante de certaines scènes (on ne compte plus le nombre d'amputations... hélas, d'un autre côté, on regrettera l'édulcoration de la scène du viol). La performance trèèèès étonnante de Jane Levy, aussi convaincante en minette paumée qu'en goule homicidaire, finit d'emballer l'affaire : Evil Dead 2013, c'est du pop corn à consommer sans modération... le temps de la séance, évidemment.
Note : on vous recommande une analyse aussi intéressante qu'élogieuse de la bande originale.