Face au châtiment est le premier western tourné par Gordon Douglas en 1949. C'est un film historique centré sur le gang Doolin qui succéda aux fameux gangs des frères James ou des Dalton.
Sur le fond, ces gangs sont une conséquence collatérale de la lutte féroce que se livrent éleveurs et les fermiers qui protègent leurs cultures par des barbelés. La diminution du nombre d'éleveurs et du mode "open range" conduit à un moindre besoin de cow-boys qui se regroupent en gangs de hors la loi à la fois contre les barbelés et pour gagner de l'argent à la force du revolver.
Ce western c'est aussi l'histoire de la normalisation de l'Ouest où les gangs sont pourchassés d'état en état par des Marshalls et appelés à disparaitre et où la Loi s'impose peu à peu.
Bien que le film soit en noir et blanc, l'image est tout à fait somptueuse : en particulier, des portraits de Randolph Scott avec en arrière-plan les montagnes enneigées ou encore le jeu de lumières pour faire le portrait de la femme de Bill Doolin (Virginia Huston)
Quant à Randolph Scott, ce rôle préfigure le style de personnage qu'il aura dans les westerns de Boetticher ou Lang, c'est-à-dire un homme de grande noblesse d'âme qui a un lourd passé dont il ne parviendra pas ou difficilement à se défaire, un homme marqué par le destin. Ici ce passé condamnera Randolph Scott. Comme le lui prédit le pasteur qui est son beau-père lors d'une scène fameuse, "Bill vous êtes déjà mort" et "Je ne veux pas que ma fille se marie avec un mort"...
Une scène – muette - est caractéristique du film : Randolph Scott se réfugie subrepticement pendant un office et s'assoit à côté d'un petit garçon qui semble à la fois fasciné et très réprobateur à l'encontre de Randolph Scott, pour une raison pas définie, est-ce parce qu'il arrive en retard, est-ce parce qu'il porte une arme visible, est-ce parce qu'il est habillé comme un cow-boy ? On ne peut s'empêcher de penser que la "vérité sortant de la bouche des enfants", cet enfant est l'instrument du Destin demandant des comptes à Randolph Scott sur son inconduite.
Georges Macready qui joue habituellement un traitre, un être vicieux voire sadique, est ici le Marshall inlassablement à la poursuite de Bill Doolin et de sa bande.
Ce film méconnu en France (pas de VF) mérite tout-à-fait de sortir des oubliettes