Comme toujours, je tente de rattraper un retard cinématographique criant en attaquant du Hitchcock et plus particulièrement son majestueux Fenêtre sur Cours. Une œuvre dont la critique sera assez rapide, force est de constater. En effet, le synopsis est assez rapidement posé : un photographe immobilisé dans le plâtre, suite à un accident de travail, observe ces voisins grâce à sa fenêtre qui donne sur la cours d'un immeuble. Il se met à soupçonner l'un d'eux d'avoir tué sa femme. Avec un tel scénario, il devient difficile d'être long dans la critique tant le travail est ici minimaliste, mais pour autant, loin d'être dénué d'intérêt. Il prouve en effet une réalisation sublime une maîtrise parfaite de la technique.
Parlons en de cette technique justement. Au niveau des plans, Hitchcock nous offre de très nombreux plans séquences, dont celui d'ouverture, un régal il faut l'avouer. Dans la manière de filmer (et pour l'époque, faut il le rappeler !) nous sommes face à ce qui se fait de mieux. C'est un délice qui est améliorer grâce aux colorations que j'ai trouvé particulièrement belles. En effet, de véritables compositions si l'on peut dire. L'image, qu'elle soit ou non en mouvement est un régal à regarder. Notons que quand je parle d'arrêt du mouvement, c'est effectivement le cas, la caméra assumant totalement de s'arrêter plus d'une fois. Pour autant, on ne ressent jamais le sentiment d'être figé. C'est là le génie de HItchcock c'est qu'il manie toutes les formes de son art comme un tout. Grâce à la narration, à la musique, au cadrage, aux acteurs aucun plan n'est jamais ennuyeux, même quand la longueur se fait sentir.
Second sujet techniquement important, à mon sens : la bande-son. Hitchcock a le bon goût de mettre dans la liste des propriétaires d'appartement un pianiste. Celui-ci jouera donc les différentes musiques. Mais dans le même temps, il ne joue pas tout le temps, parfois il s'arrête, parfois il s'entraine. Et parfois il y a des fêtes, des voisins qui parlent, du bruit, etc ... Bref, la bande-son est vivante : c'est celle de l'immeuble et nous sentons totalement alors l'immersion dans ce film. Là encore, c'est succulent.
Pour les acteurs, mon constat est mitigé. A part James Steward et Wendell Corey, aucun ne m'a particulièrement plus. Pas que Grace Kelly ou Thelma Ritter soient mauvaises, loin de là. Mais ça ne m'a pas particulièrement touché. J'ai trouvé les jeux justes sans pour autant être exceptionnels. Seul Raymond Burr ne m'a absolument pas plu. Il faut dire qu'instinctivement, je l'ai comparé à d'autres acteurs influencé par ce type de prestation. Encore que, je ne peux m'empêcher de songer à d'autres qui avaient des expressions peut être plus justes (Peter Lorre au hasard, auraient eu LE regard qui tue).
Heureusement plus que de grands acteurs, c'est les différents protagonistes qui apparaissent de manière fugace qui donne vie au film. Les différents voisins, peut être un brin caricaturaux, n'en sont pas moins plaisant. Là encore c'est un véritable plaisir de les voir dans leurs quotidiens. Le côté voyeur du personnage principal étant une excuse pour assouvir celui des spectateurs.
Le scénario de son côté est un franc-succès. L'idée est brillante, tout comme simple. Mais surtout, c'est la tension qui est constamment présente dans ce film. C'est vraiment impressionnant d'être à ce point "pris au piège". On attend impatiemment la suite, on est tenu en haleine tout le long de l'oeuvre. La fin est à peine supportable, non à cause d'une horreur, de violence ou que sais-je encore, non, par la tension. Et encore, je dois avouer que nos esprits contemporains y ajoutent beaucoup. En effet, on s'attend à autres choses qu'à cette fin. Non pas qu'elle est mauvaise, mais qu'on souhaiterait avoir encore mieux. Il y a tellement de fins possibles qui auraient fait rêver le spectateurs d'avantage. Il s'agit là, à mon sens, du défaut de ce film.
Malgré ce détail, regardez le, appréciez le, c'est un chef d’œuvre.