Au départ on a l’impression d’être face à un film bucolique, le cadre est charmant dans une belle maison de campagne bourgeoise, comme si nous étions plongés dans un roman de la Comtesse de Ségur en apparence, mais on se rend compte qu’elle n’est pas aussi luxueuse que cela à travers ses murs écaillés et symbolise très bien cette famille avec ses endroits cachés. Ce film champêtre vire alors très rapidement dans la mélancolie et même se révèle assez violent. Il nous rappelle alors le cinéma de John Cassavetes (Cf. « Une femme sous influence » par exemple).
Mais Cédric Kahn traite certaines scènes par moment assez maladroitement en essayant de dériver dans le genre comique à travers quelques séquences assez joyeuses donc on pourrait penser qu’on est face à une grande comédie familiale mais c’est pour mieux nous tromper car il retombe rapidement dans la mélancolie, dont Cédric Kahn reste le meilleur, et devient un film très violent sur la famille ce qui peut créer certaines dissonances, un manque de justesse, une interprétation assez inégale. Le film fantôme à la fin aurait été d’ailleurs intéressant à développer.
Mais il reste un film déstabilisant et remarquablement bien construit dans l’ensemble accompagné d’autres points de vue à travers aussi les enfants.
On retrouve certains clichés théâtraux: l’emmerdeuse, la soeur (la fille prodigue qui revient dans la famille) interprétée brillamment par Emmanuelle Bercot, le frère soit disant sérieux sur lequel on peut compter (et finalement pas tant que cela) joué avec justesse par le réalisateur lui-même, Cedric Kahn, et le frère, à la fois fou et gentil mais finalement toxique et manipulateur par Vincent Macaigne. Sans oublier évidemment la matriarche, incarnée par Catherine Deneuve, belle, intelligente, impériale éclipsant totalement le mari, essayant de ne rentrer dans aucun conflit.
Le réalisateur enlève au fur et à mesure les déguisements de ses personnages comme les enfants le feront à la fin de leur spectacle, il détricote les apparences et le film devient alors assez dérageant et très juste finalement à travers tous ces mensonges, ces non-dits, ces hypocrisies qui structurent, déstructurent et détruisent tout sur leur passage. Et ce n’est pas anodin non plus que le film soit d’ailleurs tourné dans le sud ouest nous évoquant les romans de Mauriac...
Finalement il n’y a rien de plus romanesque que la famille.