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Si je suis grandement convaincu par les documentaires produits par les studios Disney à la même époque (c’est-à-dire dans les années 50), je le suis beaucoup moins par les productions de fictions, en prises de vue réelles, surtout lorsqu’elles ont recours aux animaux. En effet, on aura bien du mal à imaginer qu’aucune bête n’aura été blessée (ou pour être plus modéré, stressé et perturbé) pendant la réalisation de « Fidèle Vagabond », et l’œuvre, malgré elle, illustre très bien cette époque ou le bien-être des animaux ne semblait pas être la priorité des équipes de production de cinéma. En cela, ces dérives sont encore plus frappantes, lorsque ces films sont comparés au docu réalisé la même époque, et qui témoigne eux, du grand intérêt qu'ont leurs réalisateurs pour la nature. Il ne s’agit pas d’un détail, et je me suis surpris plusieurs fois pendant mon visionnage à penser à cela, il faut dire que certaines scènes sont scandaleuses, j’y reviendrais...


« Fidèle Vagabond », des studios Disney de 1957, est inspiré d’un livre. C’est l’histoire d’un garçon qui se prend d’affection pour un chien, une histoire simple et banale, qui parlera à tout le monde, et bien entendu, terriblement efficace. Le cadre se situe dans le Texas des années 1860 (l’ambiance ne manquera pas de nous rappeler celle de la série « La petite Maison dans la prairie »).
L’histoire, bien que monotone, saura nous convaincre. Certains passages sont d’une gravité incroyable, surtout pour un film Disney.


Comme indiquait plus haut, l’usage des animaux m’a fortement déplu. Quelques scènes m’ont fait bondir de mon canapé, et les exemples sont légion : celle où le petit Arliss chevauche le chien Vagabond, comme une monture. Même à l’époque les gens n’étaient pas sans savoir qu’il s’agissait d’un comportement maltraitant pour la bête qui n’est pas constitué pour supporter une telle charge. Nous avons aussi une scène ou le petit Arliss (encore une fois) bondit sur un ourson et le traine par la patte alors que la pauvre bête est affolée et se débat comme si sa vie en dépendait. Comme si cela ne suffisait pas, dans la même scène, la mère de l’ours (qui est en réalité un jeune ours) vient combattre Vagabond. Dans cette scène les deux animaux se livrent une bataille acharnée, et j’ai bien du mal à croire qu’aucun d’eux n’aura souffert de cette rencontre. Par ailleurs, l’ours, bien entendu dressé, aura dû être préparé pour cette scène (avec tout ce que cela implique, comme je suppose, des griffes arrachées). Dans une autre scène, Travis, perché sur un arbre, attrape un petit cochon et le suspend au bout d’une corde, l’instant d’après, il réitère l’opération sur un cochon plus gras, mais celui-ci est lâché dans le vide, et fait une chute de quelques mètres, après quoi il s’écrase sur ses congénères. Il est évident que le cochon a souffert de cette expérience. Voilà les exemples qui m’ont le plus contrarié, car les animaux, eux, ne jouent pas la comédie. Vu que le film est de 1957, ils sont tous morts depuis belle lurette, et je n'ai plus à m'inquiéter pour eux, mais l’oeuvre manifeste de la souffrance qui a été la leur durant le tournage. Voilà de quoi me gâcher le spectacle.


Les acteurs sont meilleurs que dans les films passés, à l’exception du jeune Tommy Kirk (Travis) qui n’est pas crédible dans son jeu, et qui semble malheureusement n’avoir qu’un seul panel d’expression. Kevin Corcoran (Arliss), le petit frère, à cela de vraie qu’il joue comme l’enfant qu’il était (et signe peut-être malgré lui la meilleure performance du film). Fess Parker a quitté sa tenue de Davy Crockett, et devient le temps de ce film le papa de cette famille Texane. Dorothy McGuire (Katie Coates), et ses horribles dents jaunes (désolé pour ce détail, mais j’avais du mal à me concentrer sur autre chose tellement les dents jaunes me dégoutent), est une maman peu convaincante, trop superficielle et sans profondeur. Son rôle est une caricature insultante qui répond à une vision archaïque de la femme. On ne peut en vouloir qu'aux auteurs, mais bon... il s'agissait d'une autre époque.


D’une manière globale, j’ai peu apprécié le film. Sans l’intervention des animaux, le film serait d’une fadeur incroyable, et comme ces derniers font les frais de méthodes honteuse et (heureusement) dépassée, je n’ai pu apprécier les scènes d’actions.


Ce film, clairement, à beaucoup plus de casseroles a trainer que « Mélodie du Sud », un film pas assumé, et je m’étonne que la compagnie Disney, si encline à cacher ses cadavres sous le tapis, défende cette œuvre en la proposant sur sa plateforme de streaming, alors que d’autres sont désavoués afin de ne pas éveiller les polémiques. Ne croyez pas que j’en appelle au boycott des films qui me déplaisent, au contraire, toutes les œuvres devraient être accessibles, malgré leur contexte et leurs polémiques, je m’étonne seulement de cette politique qui accepte certaines bavures et en désapprouve d’autres. Disney devrait assumer toutes ses productions passées, qu'elles les embêtent ou les couvrent d'honneurs, étant donné qu’elles appartiennent à des mœurs passées, cela ne devrait pas les inquiéter. Mais du moment où il a été choisi de désavouer "Mélodie du Sud", pourquoi ne pas faire la même chose avec les autres films du catalogue manquant d'éthique?


Quoi qu'il en soit, même si le film ne m’a pas enchanté, je suis satisfait d’avoir pu me faire mon opinion, car toutes les productions de la firme éveillent mon intérêt, même celles qui vont à l’encontre de mes convictions.

Créée

le 12 avr. 2020

Critique lue 468 fois

Casse-Bonbon

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